Elle est bien mignonne Marion. Elle correspond à l’image de la Française telle que se l’imaginent les Américains : un joli visage non apprêté, un prénom qui fleure bon l’ancienne France, un nom cocasse et très facile à prononcer par les Texans de Fox News, et un Oscar pour un film formaté bien propre sur lui. Et en le recevant elle s’est dit : voilà, c’est ça la vraie Amérique. Pas celle de Bush.
Non Marion, la vraie Amérique elle n’est pas à Hollywood. Là, les F-18 arrêtent les avions-suicides et même les soucoupes volantes, les GIs massacrent les islamistes sanguinaires, et la presse n’est pas aux ordres d’une armée qui gagne toutes ses guerres. La vraie Amérique, elle est dans ces quatre millions de Floridiens privés d’électricité, elle est dans ces chasseurs qui le 11 septembre arrivent après la bataille, elle est dans ces pauvres types arrachés de leur Middle West et qui ont beau massacrer et torturer en Irak et en Afghanistan, ne s’en prennent pas moins une raclée mémorable. Le complot, Marion, il n’est pas dans une théorie conspirationniste qui prête encore à l’Amérique une puissance et une efficience qu’elle n’a plus, quand bien même serait-ce pour manipuler la terre entière au soir du 11 septembre. Le complot, il est dans la représentation que l’Amérique vend d’elle-même au monde, et vous l’aviez sous les yeux le soir des Oscars.
Mais celui-là, personne ne veut le voir, ou plutôt, tout le monde veut croire que l’Amérique est ce qu’elle prétend, surtout quand elle se nomme Obama. Et c’est là qu’elle est vraiment trop forte, l’Amérique du complot…