Cheveux courts ou longs cheveux : la question envahit les pages des journaux et revues des années 20.
Ecoutez ce débat sempiternel à l'époque entre homme et femme :
"Les hommes disent :
- Malheureuses ! Vous vous privez d'un des plus sûrs moyens de nous séduire. Lequel d'entre nous résiste à l'enchantement d'une éclatante ou sombre chevelure épandue sur de fraîches épaules. Votre mystère, votre féminité, votre faiblesse, votre grâce, tout est enfermé dans vos boucles. Folles ! vous les coupez !
Et les femmes répondent :
- Le voilà bien votre égoïsme habituel. Pour une minute qui vous enchante, il nous faut subir des heures d'exaspération ; vit-on à notre époque, les cheveux sur le dos ? Non, alors ce sont les épingles, les chignons, les mèches sur le front ou sur la nuque ; il nous faut nous recoiffer dix fois par jour, glisser devant chaque glace un furtif regard inquiet. En outre, les femmes travaillent maintenant, celles qui ne travaillent pas s'adonnent à des sports inconnus jadis. Vous rendez-vous compte du temps perdu par l'employée qui doit brosser, tresser, rouler, épingler 60 centimètres de cheveux, les tasser sous son chapeau, affronter le métro, la cohue ! Vous imaginez-vous la sportive interrompant un cross-country pour ajuster son chignon, ou lâchant le volant de son auto pour lisser une mèche indépendante. Les cheveux longs, c'est vieux jeu, c'est de l'ancien temps. Si vous les aimez, laissez pousser les vôtres ; et puis, est-ce que nous ne sommes pas gentilles comme tout avec nos petites têtes lisses, rondes, nettes, ordonnées, nos chapeaux qui tiennent si bien et qui ont la grâce des casques antiques."
Ce discours nous montre à quel point ce qui nous paraît aujourd'hui un choix si simple, lié seulement aux côtés esthétique ou pratique selon notre bon vouloir, représentait il y a moins d'un siècle, un sujet délicat et difficile, voire douloureux pour les femmes, symbole du poids du jugement des hommes sur leur vie.
Source :
Revue "La Femme de France", août 1924, article de Coline.