samedi 17 décembre 2011
Ce n'est que la deuxième fois que je vois ce film m'étant plus concentré sur les films d'Eisenstein des années 20. Ce qui m'a surtout surpris ici, c'est la mise en scène, c'est une succession de plans fixes un peu comme aux débuts du cinéma mais Eisenstein semble laisser de côté le montage intellectuel comme si l'apparition du parlant rendait obsolète cette forme d'expression (en fait, j’ai lu par la suite qu’on lui avait interdit le montage intellectuel). Il faut attendre de nombreuses minutes avant de voir un travelling, il est très court et parcourt les premières lignes de l'armée russe puis un autre qui dévoile les morts sur le champ de bataille après la victoire des russes et enfin une succession de très beaux travellings lors du défilé des héros morts et du prince vainqueur.
Cette manière de présenter un cadre statique n'est pas vraiment gênante, elle est même excellente surtout parce le cinéaste maîtrise à perfection la composition du cadre et utilise la succession de plans fixes comme s'il nous détaillait un tableau, par petites touches. Le cinéaste utilise aussi beaucoup les gros plans et notamment les contre-plongées pour souligner l’aspect héroïque de ses personnages. Mais c'est surtout pendant les scènes de bataille qu'il excelle, tout s'agite dans le plan, on voit la marée noire submerger les capes blanches des chevaliers teutoniques puis une série de gros plans sur chacun des héros frappant de leurs épées les alentours. Eisenstein montre qu'il sait se renouveler, adapter sa forme d'expression au parlant, c'est vraiment de la très belle ouvrage.
Evidemment, derrière tout cela il y a un message de propagande, un an avant le pacte germano-soviétique, alors que les deux pays sont en froid, le cinéaste avertit les allemands : si vous venez chez nous en ennemis, vous subirez le même sort que les chevaliers teutoniques au 13ème siècle.