Selon la fédération énergie de la CGT, plus de 6.200 arrachements d'ouvrages et de canalisations de gaz ont été recensés en 2007 par Gaz de France. Pour le syndicat, ces faits « relèvent de la sécurité publique". La direction de Gaz de France a confirmé ces chiffres, indiquant cependant que la « grande majorité » de ces « incidents justifiant un contrôle des ouvrages" avaient été "sans conséquences".
Après l’explosion qui, jeudi 28 février à Lyon, a causé la mort d’un pompier et fait 40 blessés dont deux grièvement, Jean-François Cirelli, président de GDF, a fait part de son intention de réunir les responsables de la Fédération des travaux publics. La CGT a demandé à ce que les organisations syndicales puissent participer à cette rencontre, dans le but de " définir un plan de sécurisation des personnes et des biens à intégrer dans le contrat de service public en cours de négociation entre l'Etat et GDF". Elle a également proposé de consacrer 30 millions d'euros à "la mise en place de surveillants de travaux faits par des tiers, pour prévenir les accidents" tout en estimant que "la politique de réduction de l’emploi a(vait) des conséquences graves, notamment en termes de délai d’intervention d’urgence (près d’une heure contre au maximum ½ heure avant 2004)". De son côté, la fédération chimie-énergie de la CFDT a dit "attend(re) des explications", soulignant qu’il ne s’agissait pas de " la première explosion de ce genre". Pour la CFDT, « une analyse des résultats des différentes enquêtes (devrait permettre) de trouver des solutions afin d'éviter que se reproduise ce genre d'accident".
L’accident de Lyon a entraîné un début de polémique. Selon ''le Figaro'', Gaz de France a implicitement mis en cause l’entreprise de travaux publics Roche, chargée de changer les canalisations d'eau potable, indiquant que la canalisation heurtée «figurait très correctement sur le plan remis». Pour Gilles Galléan, responsable de la distribution GrDF (1) à Lyon, « il y a un lien très direct entre les travaux de voirie et l'accrochage de la canalisation de gaz.». De son côté, l'entreprise Roche a souligné qu’elle avait déposé une déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT) et assuré que ses ouvriers n’avaient pas touché cette canalisation. Tandis que la Fédération nationale des travaux publics a estimé que les « maîtres d'ouvrage et concessionnaires (EDF, GDF, France Télécom…) s'affranchissent le plus souvent de la réglementation ». Cette polémique, qui rappelle celle survenue après le drame de Bondy (lire nos actualités du 31 octobre et du 1er novembre), et les chiffres publiés par la CGT montrent l’importance de la question de la sécurité, dans la mesure où les travaux dans la voirie ne cessent de croître.
D’autres incidents ont d’ailleurs eu lieu à peu d'intervalle: vendredi 29 février, une autre fuite de gaz a été signalée à nouveau dans le centre-ville de Lyon, provenant de la rupture de « l’une d'entre elles, probablement vétuste » (le Figaro), rue Moncey, à une quarantaine de mètres des immeubles dévastés. Le même jour, à Saint-Etienne (Loire), une importante fuite de gaz a été occasionnée par des travaux de voirie. La veille, à Salins-les-Bains (Jura), à proximité de l'établissement thermal, une rupture de canalisation provoquée par une pelleteuse entraîne une fuite de gaz qui nécessité l’intervention des pompiers puis des agents de GrDF. A Cambrai ( Nord), le 27 février, lors de travaux d'assainissement, une canalisation a été percée, nécessitant l’évacuation en urgence d’une vingtaine d'habitations.
(1) A savoir: GrDF est la filiale de Gaz de France, en charge du réseau de distribution.