Anna plus jolie que jamais, la seule qui m’autorisait à la caresser des yeux pendants des heures. Solaire, au milieu de toute cette ombre et cette médiocrité qui faisait ma vie. Une fée dans ce monde d’ogres qu’on veut cour des miracles. Elle savait faire ses moues enfantines qui finissaient immanquablement par la trahir. Elle avait cette expressivité qui n’avait cesse de me fasciner. Elle s’avait m’écouter sans jugement avec une profonde attention même pour capter le moindre silence. Elle savait disparaitre pour laisser place à l’autre. Pourtant, elle n’avait rien de méthodique, d’organisée ou de minutieuse, elle savait juste m’apaiser. Si elle m’écoutait si attentivement c’était sans doute pour se raconter le moins possible. J’aurais voulu savoir sa vie depuis la moyenne section, j’aurai voulu qu’elle me dise tous ses secrets, l’école qu’elle fréquentait, qui était son 1er amoureux.
Comment savait-elle qu’il fallait à ce point se méfier des hommes sans pourtant clamer que nous étions tous des connards ? Elle savait mes faiblesses mais pas mon plus grand secret, mon fils, ma bataille. Je vais vous dire ma kryptonite. Elle l’avait sans doute deviné, tant ma vie je lui avais déballé. J’ai peur des femmes et ce depuis toujours ! Je vous crains mes Dames autant que je vous admire. Des êtres fascinantes, étranges et mystérieuses, vous êtes hyperpuissantes.
Vous avez tous les pouvoirs. Vous avez la maîtrise mais vous nous faites croire que nous décidons. Nous nous plaignons d’un rhume comme si nous allions mourir demain, on hurle à l’hémorragie dès qu’on s’ouvre le doigt avec le coin d’un feuillet. Pendant que vous portez et donnez la vie en toute discrétion, on voudrait être admiré pour avoir fait les courses ou avoir changé une roue. Si vous ne voulez pas, vous vous fermez et c’est fini. Si on ne veut pas, vous nous souriez et c’est ouvert. Vous nous manipulez nous faisant croire que le choix vient de nous. Vous vous relevez à toutes épreuves alors que vous êtes « frêles » et « faibles ». Vous arrivez à faire pleurer des colosses, des hommes qui se retrouve face contre terre telles des brindilles que le vent pourrait porter. Vous êtes en haut du règne animal mais vous avez l’intelligence de rester dans l’ombre. On s’effondre au premier obstacle, on boit. Vous pleurez puis vous vous relevez. Vous donnez la vie, on la prend ou perd la notre ».