Avantage du jour : le théâtre 140 est à une dizaine de minutes en voiture de chez moi.
Inconvénient : la salle mérite le prix de la salle de concert la moins accessible en voiture de Bruxelles. Impossible de trouver une place de parking à moins de 15 minutes à pied, ce qui est un
comble quand on habite à 10 minutes en voiture !
Bref , c'est donc après avoir fait un footing hivernal forcé que j'accède enfin à l'antre culturelle chère à Jo Dekmine.
Le public est venu en nombre pour applaudir Keren Ann, artiste que j'avoue connaître assez mal et dont le dernier album '101' ne m'a pas réellement
convaincu.
Une voix s'échappe des enceintes pour nous annoncer qu'il y aura une surprise : Doriand se produira en
première partie accompagné à la guitare par Edith Fanbuena ( Etienne Daho, Bashung etc..)
Le public n'a à priori pas l'air ravi , et je le comprends.
Doriand c'est de la pop française sans grand intérêt et il faudra donc prendre son mal en patience pendant les 30 minutes de sa prestation teintée d'humour franchouillard et d'arrangements
flirtant avec l'à peu près. Assister au plantage d'Edith Fambuena essayant désespérément de chanter juste l'intro d'"Attendre la vague"et obligée de s'y reprendre à 5 fois fut amusant, certes,
mais tout de même assez pathétique .En résumé une première partie assez quelconque dont on se serait bien passé et qui a servi surtout à faire fonctionner le bar à l'entracte.
Place maintenant à Keren Ann, il est 21h30.
Tout de noir vêtue, portant à nouveau les cheveux longs, la chanteuse israélienne , guitare en bandoulière, se dresse quasi immobile derrière son micro. Pendant 75 minutes elle va nous proposer
un rock indie version temesta pour bobos branchés et dépressifs en attente de se faire sauter la cervelle.
Keren Ann est tout sauf amusante. Je dirais même que parfois elle peut s'avérer réellement sinistre.
Connaissant peu son répertoire (ce qui parfois peut être un avantage pour pénétrer vierge dans l'univers d'un artiste) j'avoue m'être souvent copieusement ennuyé en attendant désespérément que
quelque chose se passe et que le concert décolle. Hélas ce ne fut jamais le cas.
Baignant dans un light show jaune-orange, à la limite de la pénombre, Keren Ann communique avec son public en chuchotant quelques phrases quasi incompréhensibles ou en lui lançant des
Bruxelles ! intempestifs. Parfois elle esquisse un semblant de sourire timide. C'est à se demander réellement d'où vient l'engouement émanant d'une
certaine presse qui porte assez souvent la chanteuse aux nues depuis son travail sur l'album Chambre avec vue d'Henri
Salvador !
Ses arrangements pop-rock sont bien fichus mais, mélodiquement, c'est peu inspiré et la scène n'apporte aucune dimension supplémentaire aux compos. Franchement j'ai dû me forcer à rester jusqu'au
bout du set, et hormis sur quelques 2-3 titres plus enlevés; pour lesquels le public s'est levé et est sorti de sa torpeur, j'ai trouvé ça d'un ennui sidéral. Quelques titres sont à sortir du lot
comme “Blood on My Hands”,“Je Fume Pour Oublier Que Tu Bois" et "My name is trouble".
Malgré tout, les fans purs et durs présents ce soir semblaient eux très satisfaits de la prestation de leur artiste favorite qui reviendra par deux fois pour les rappels
avec un titre acoustique (soporifique) avant de lâcher légèrement les chevaux en fin de concert avec “Que n’ai-je" et “Big Yellow Taxi” emprunté à Joni Mitchell .
Un dernier titre a capella "It's always you", et puis s'en va...
Il est 22h50, et je quitte le Théâtre 140 avec une seule idée en tête : mater une bonne comédie à la télé histoire de retrouver la banane après une soirée déprimante en diable dont je me serais
bien passé. Une chose est certaine en tout cas : Keren Ann et moi ce ne sera jamais une grande histoire d'amour.
A me lire, j'en entends déjà qui protestent.
Je sais, je n'ai rien compris...
JPROCK