Philippe Delaveau vient de publier Ce que disent les vents, aux éditions Gallimard.
1.
Ce que disent les vents dans leur langue nue,
en effleurant la courbe des collines, frères
des paysages crus ou sombres qu’ils traversent.
Plus d’obstacles bruyants, plus de nuits, de frontières.
Vents de grande antiquité, derniers-nés sur la mer :
le temps rompu de l’échiquier recule – puis vainqueur.
Comme l’eau scintille sur sa propre étendue ! miroirs,
diamants, saphirs, rubis de toits, émeraudes – les plaines
traversées de courant où l’eau danse, un pas, reflue.
2
Parfois violents et forts et tumultueux, parfois
doux et contrits : ainsi le cheval rentre en frémissant aux plages,
crinière dans les yeux, naseaux en sueur, ses veines saillent.
Ce qu’ils disent les vents dans leur langue, les vents qui filent
le comprennent les arbres – tremblements piécettes frêles -,
les eaux dans les grottes d’or bleu, toujours émues.
Vents de voix rude, vents de voix claires, ventes de houle
aux rocs sans écriture, vents impétueux malmenant table et mémoire,
vents inspirés jusqu’aux pays des lois, voyageurs.
Philippe Delaveau, Ce que disent les vents, Gallimard, 2011, p. 117 et 118.
Bio-bibliographie de Philippe Delaveau