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L’alentour procède d’un aveuglement, chaque chose cache ce par devant quoi elle vient, s’impose debout comme un signe tendu, obsédant et qui nous échappe. Chaque signe est un bruit sur le silence d’un fond supposé dont ne reste qu’une nostalgie trouble. Et il va au devant, il tend les yeux. Ces nuées de signes résonnent, faseillent dans l’œil. Il se souvient des voiles blanches et des reflets sur les vagues se confondant dans le soleil, du sillage que laissait le bateau, de l’île glissant à gauche rayée par le pendule des haubans. De cet insaisissable prenant force d’image, faisant effet de ralentir le temps, de le détacher de tout en même temps qu’il lui semblait reposer, calme, pris dans les mouvements du monde. C’est déploiement autour de lui, chaque image et son hors-champ. On juge d’ordinaire par l’image. Seule. Quand lui arrive dessus cette nuit monumentale en regard de laquelle l’étroitesse lisible n’est rien. L’image n’est jamais affranchie de ce à quoi elle échappe et de quoi elle n’est qu’un détail. Tout ce qui ne se laisse pas voir, ou qui, tout en se laissant voir n’offre rien à lire qu’un gouffre. Chambre d’écho énorme qui entoure chaque fragment arraché au monde dans la course qu’on fait.
Images : Yusuf Sevinçli, Paris photo 2011.