Renault : Décision difficile à accepter (Estelle Grelier)

Publié le 16 décembre 2011 par Ps76

Le Parlement européen a voté en séance plénière en faveur de l’attribution de l’aide sollicitée par l’Etat français pour le compte de Renault et 7 de ses filiales.

Conformément aux engagements pris auprès des anciens salariés en difficultés du fait de la réforme française des retraites, Estelle Grelier, Députée européenne a, à titre personnel, voté contre cette décision. Elle s’en explique ainsi :

Cette décision est difficile à accepter compte tenu de l’énergie déployée depuis 4 mois pour faire évoluer, en vain, l’attitude de Renault et de l’Etat français. Maigre consolation, la situation des anciens PRV et l’attitude de l’entreprise à leur égard a été au centre des débats de ce matin. Il reste à espérer pour eux que ce coup de projecteur, qui sera probablement relayé par les médias, contribuera à inléchir les positions de l’entreprise“. 

Les ex-Renault vivent une situation humainement difficile. La Députée européenne dit “partage” leur déception et le sentiment d’injustice qui les anime“. Elle leur adresse même en message en se tenant à leur disposition pour toute action future qui leur paraîtrait utile d’engager. La séance fut houleuse et nous publions, ci-dessous, le communiqué du Groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen.

Communiqué :

Les eurodéputés socialistes et démocrates exigent de Renault et de l’Etat français le respect des engagements sociaux envers les salariés. Ils ont exigé de Renault et de l’Etat actionnaire français qu’ils règlent la situation de plusieurs salariés “seniors“, licenciés en 2009 et qui risquent bientôt de se retrouver sans ressources du fait de la réforme des retraites intervenue depuis lors en France.
 
Le Parlement européen était en effet appelé à se prononcer sur l’aide du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation sollicitée par le constructeur français pour financer son plan de départ volontaire mis en place en 2008-2009.

« Certains salariés licenciés n’auront bientôt plus droit aux indemnités chômage dont ils bénéficiaient et ne pourront pas faire valoir leurs droits à la retraite du fait de la réforme entrée en vigueur entre temps. Renault et l’Etat actionnaire n’ont fait aucun effort pour trouver une solution acceptable pour les anciens salariés en question. Ils se rendent ainsi responsables de leur précarisation », déplore Frédéric Daerden, négociateur de ce programme d’aide pour le groupe des sociaux-démocrates.

« Cette situation est scandaleuse, car le contrat moral passé entre les travailleurs d’un côté et Renault et l’Etat de l’autre a été bafoué. Avec les syndicats, nous exigeons depuis plusieurs mois maintenant le respect des engagements pris en direction des travailleurs. Ces derniers sont injustement frappés par des décisions intervenues postérieurement à l’accord passé », dénonce Estelle Grelier, membre de la commission des budgets.

Confrontés à ce genre de situation, d’autres grands groupes français ont pris des mesures. Il est inadmissible que l’Etat actionnaire n’ait pas obtenu de Renault des engagements similaires pour ces salariés. On ne peut que regretter que la droite de l’hémicycle n’ait pas pris la mesure des problématiques soulevées par ce dossier. Notre amendement oral [1] exigeant de Renault et de l’Etat français une réponse à la détresse des anciens salariés a été rejeté par la Droite qui à refusé de le soumettre au vote de l’Assemblée. L’UMP est toujours tendre avec les puissants et dure avec les plus fragiles.
 
« Responsables, nous ne pouvions pas voter collectivement contre l’attribution d’une aide du FEM. Ce Fonds d’aide aux salariés, nous l’avons voulu, nous l’avons défendu, nous l’avons fait aboutir. Il reste un outil nécessaire dans ce contexte de crise sociale et économique. Mais la potion est amère quand on constate les manipulations dont il fait parfois l’objet. La réforme du FEM l’année prochaine sera l’occasion d’une clarification », conclut Pervenche Berès, présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen.
 
[1] L’amendement oral défendu par Estelle Grelier était ainsi formulé : « Le Parlement européen demande à Renault et à l’Etat français de s’engager formellement à prendre les mesures juridiques et financières nécessaires pour restaurer l’ensemble des droits et prestations de retraite, tout en leur octroyant une exemption de travail dans des conditions équivalentes, aux travailleurs dont les prestations de retraite ont été affectées par les réformes des retraites qui sont entrées en vigueur après leur licenciement ». Cet amendement ayant été rejeté, Estelle Grelier a voté contre l’attribution de l’aide sollicitée par Renault.