Le marathon se poursuit mais, contrairement à l'épisode visionné pendant la nuit dernière, on ne peut pas dire qu'on se marre...
Oz nous entraine cette fois dans une sorte de mélange de deux des thèmes précédemment évoqués : la religion et la mort. Bien-sûr il ne s'agit pas, dés le 4e épisode, de se lancer dans une redite, mais plus d'aborder ces deux sujets sous l'angle évidemment particulier de la peine de mort. Des fois que vous doutiez encore qu'Oz soit un manifeste politique...
Le problème c'est que, pour la première fois depuis le début de ce marathon, je ne ressors pas de l'épisode avec une impression positive, au sens où l'épisode ne m'a pas paru aussi fort qu'il aurait dû l'être.
D'une façon ou d'une autre, on n'a pas le droit de parler de peine de mort sans remuer tripes et boyaux du spectateurs. On a le droit d'être pour (mais qui oserait ?), on a le droit d'être contre, on a le droit de vouloir montrer des points de vue différents, on a le droit de jouer sur les émotions, on a le droit de se baser sur un discours intellectuel ; à mon sens les meilleurs épisodes sur le sujet parviennent à faire tout cela en même temps (je vais donc citer à nouveau L'Esprit de l'Amérique de The Practice, qui en est l'exemple le plus réussi). Ce qu'on n'a pas le droit de faire, c'est rater son coup. Ca a tendance à me mettre très en colère.
Jefferson Keane est donc condamné à mort, sans surprise vu que cette enflure de Devlin ne vit que pour sa politique démagogique et son temps de parole dans les médias, et qu'il a rétabli la peine de mort dans l'épisode précédent. Le problème qui se pose, c'est qu'à peu près tous les "proches" de Keane en prison sont travaillés par cette perspective... mais pas lui. Ainsi, le père Mukada (qui gagne ainsi un tout petit peu en épaisseur), Sister Pete, Kareem Saïd, Tobias Beecher, mais aussi dans une moindre mesure Tim McManus et Leo Glynn, vont tenter de vivre ce bouleversement du mieux possible. On ne peut pas dire qu'ils gèrent tous très bien l'évènement.
Comme c'est désormais la tradition, le premier tiers de l'épisode tourne autour de Beecher, qui commence à un peu moins subir la prison, et se retrouve une vocation d'avocat ; il n'est peut-être plus membre du Barreau mais son sens de la Justice renait de ses cendres, et il essaye désespérément de sauver Keane, osant défier Schillinger (même brièvement, c'est quand même une victoire) et prenant de la distance avec O'Reily. La tentative échouera mais force est de constater que Beecher évolue de façon splendide.
Du côté des religieux, la scène qu'on attendait tous, enfin moi en tous cas, c'était celle qui nous permettrait de voir les nuances entre le père Mukada et Sister Peter Marie ; on devinait qu'ils auraient des différences de point de vue, ça fait du bien de les explorer. Sister Pete veut protester contre la peine de mort, et démissionne/se fait virer ; Ray Mukada est quant à lui plus docile et décide d'accompagner les prisonniers au bout de leur voyage, quoi qu'il lui en coûte. Il devra faire face à un autre décès pendant l'épisode, celui du petit garçon d'Alvarez, dans une scène légèrement over the top mais tout de même très émouvante. Kareem Saïd, s'il accompagne Keane, est rapidement mis hors-jeu par une sorte d'attaque cérébrale sur laquelle on attend d'avoir plus d'informations pour savoir que faire de cet évènement ; il reste relativement en retrait pendant l'épisode, et contrairement à ses habitudes, ne tente pas d'interférer, se limitant à un rôle strictement religieux. Cela fait un joli écho à la mission similaire que s'est fixée Mukada.
La réaction la plus surprenante vient probablement de notre crevette McManus. En quatre épisodes à peine, il s'est quand même envoyé déjà deux autres employées de la prison ! La séquence pendant laquelle il se tape la surveillante Wittlesey fait partie de celles qui renvoient au mélange sexe/mort de l'épisode 2 le plus explicitement. Il n'y a aucune sensualité dans leur copulation, et la rapidité avec laquelle ces deux-là décident de s'envoyer en l'air montre bien qu'il s'agit plus d'un réflexe désespéré, vu le contexte, que d'un véritable désir sexuel.
Dans tout ça, on peine à trouver de l'intérêt à l'intrigue Keane elle-même qui finit de façon assez fade... pour passer aussi sec à une autre intrigue de peine de mort. Et c'est de là que vient ma déception vis-à-vis de l'épisode. Personnellement j'avais totalement oublié Richard L'Italien et sa petite tactique perverse pour tenter de gagner du temps. Probablement parce que la première fois, j'avais dû tout autant n'en avoir rien à battre. Rarement Oz aura introduit un personnage "redshirt" avec aussi peu de panache. La série connaitra beaucoup de personnages de passage, mais je ne me souviens pas que l'un d'entre eux ait fait l'objet d'aussi peu de soin dans la pénible introduction comme au moment de l'élimination. Richard manque cruellement de perversion, qui aurait été une excellente façon d'explorer les réactions de Mukada ; on sent que celui-ci vit une sorte de culpabilité de ne pas se sentir totalement triste pour l'étouffeur en série, mais Richard est, à la vérité, un gros con. Personne ne se sentirait coupable à cause de lui ; alors que s'il avait été plus ambivalent, un peu plus malade peut-être, on aurait mieux compris l'ambivalence de Mukada lui-même vis-à-vis de la perspective de la peine de mort. L'exécution de L'Italien apparait en plus comme assez vaine, la scène manque de force, on n'est ni désolé ni satisfait, en somme, émotionnellement, on n'a pas vraiment réagi. Peut-être que j'ai loupé l'intérêt de ce passage, pour moi il était déterminant pour montrer que Mukada voulait aider les condamnés et avoir pitié d'eux, quitte à s'apercevoir parfois que tous ne le méritaient pas, mais peut-être que ce n'était pas vraiment ça le propos, auquel cas je ne sais pas de quoi il s'est agi.
Quant au discours final de Hill, il était sans doute joli sur le papier, mais il a fini par apparaitre comme exagérément moralisateur et sirupeux à la fin de l'épisode. La citation aurait certainement dû intervenir beaucoup plus tôt dans l'épisode pour atteindre sa puissance maximale, mais c'était néanmoins une bonne trouvaille, simplement pas aussi bien employée qu'elle n'aurait pu l'être.
Un petit mot sur le directeur Glynn, pour finir. C'est un personnage actuellement très en retrait, ce qui est une force quand on y pense. Il a finalement assez peu de scènes, mais je trouve assez remarquable sa détermination à essayer d'être, sinon juste, au moins neutre (même si pendant la conférence de presse de Devlin, il a un peu de mal à conserver son tempérament suisse). C'est un personnage assez subtil et ça me plait énormément dans une série où la plupart des personnages sont quand même assez transparents quant à leurs motivations.
Je suis probablement un peu dûre vis-à-vis de ce quatrième épisode. Je ne lui au pourtant pas trouvé que des défauts, et j'ai notamment aimé la scène pendant laquelle ce rat de Ryan O'Riley parvient à piéger le second de Schibetta tout en allant prendre sa place d'un air docile. Quelle enflure. Je l'adore. De la même façon, Beecher se rapprochant encore un peu de Rebadow, et faisant équipe avec lui pour découvrir la vérité sur le meurtre de Martinez, avec la complicité de ce tordu de Groves, c'était à la fois drôle, touchant et intéressant sur la façon dont ces outsiders se lient, formant une nouvelle sorte de clan entre les murs d'Oswald. Enfin, les nouvelles scènes impliquant l'intrigue autour du frère de Keane étaient plutôt bien vues, avec l'avantage de ne pas être trop lourdes vu qu'avec la mort de Keane, on ne les approfondira probablement pas.
Il est bon de noter que l'épisode est moins pesant, aussi, parce que l'atmosphère de ras-le-bol des prisonniers est moins palpable. C'est sans doute l'axe qui me captive le plus dans cette saison, et j'ai hâte qu'on y revienne. Ca ne fera pas un pli, je vais donc ne pas en vouloir à Oz pour ce petit contretemps. D'autant que des exécutions émouvantes, si ma mémoire ne me trahit pas, on aura l'occasion d'en voir à l'avenir...