La décision du tribunal des référés est tombée à la mi-journée : la justice ordonne la suppression de toutes les "données nominatives" sur le site "note2be.com", qui propose aux élèves de noter leurs enseignants. Les noms des profs vont donc devoir disparaître dans les 48 heures des pages du site -y-compris des forums-, sous astreinte de 1.000 euros par jour et par infraction constatée.
Lundi dernier, l’audience avait mis aux prises, d’un côté les avocats du site et de son créateur Stéphane Cola, de l’autre ceux du Snes-FSU, syndicats majoritaire dans les collèges et lycées, qui avait organisé la contre-attaque des enseignants. Les deux parties s’étaient opposées sur trois questions de fond : la protection de la vie privée, la garantie statutaire des enseignants d’être notés de manière contradictoire et par leur hiérarchie, la liberté d’expression.
Dès son lancement, le site "note2be.com" avait bénéficié d’un énorme bouche-à-oreille dans les cours des collèges et lycées. Il avait été mis en ligne fin janvier dernier, en référence explicite à la préconisation du rapport Attali sur l’évaluation des fonctionnaires par les usagers.
Note2be.com" invite les élèves à attribuer une note entre 0 et 20 à leurs enseignants selon six critères ("intéressant, clair, disponible, équitable, respecté" et "motivé"), ainsi qu’à étayer ou échanger leurs points de vue dans un forum de discussion.
La totalité des syndicats d’enseignants, de gauche et de droite, de la maternelle à la terminale, de l’enseignement général, technique, professionnel et agricole, du public et du privé ont dénoncé l’existence de ce site qui cite les prénom et nom des enseignants, ainsi que leur discipline et l’établissement où ils exercent. "Exercice réducteur et dangereux", "dénonciation gratuite", "antithèse de l’éducation", "lynchage public des personnels", "démagogique et immoral", "escroquerie choquante" : les noms d’oiseaux ont fusé, émanant également des parents d’élèves FCPE et des lycéens de l’UNL. Un blog de "résistance", intitulé "contrenote2be.com" et animé par des enseignants cités sur le site, a même été créé en signe de protestation.
Le créateur du site Stéphane Cola, un chef d’entreprise de 39 ans, a été inscrit un temps sur la liste UMP aux municipales dans le VIIIe arrondissement de Paris. Il était même le directeur de campagne de Pierre Lellouche, avant de démissionner le 14 février devant le tollé déclenché par son site internet.