Les Tests Produits de Gourmets&Co – Les Saumons Fumés.#
Ce poisson des eaux froides de l’hémisphère boréal comprend deux espèces : le saumon de l’Atlantique que nous connaissons le mieux et le saumon du Pacifique avec ses 5 espèces différentes. Après avoir été un poisson de tous les jours ou presque depuis l’époque gauloise (le mot saumon viendrait du gaulois salm), le sauvage a diminué à la vitesse qui caractérise notre époque pour le moins hystérique sur le plan de la consommation de masse. En cause : la surpêche et l’aménagement des rivières. L’élevage s’est alors intensifié, un temps pudiquement appelé « saumon de fontaine », avec comme conséquence logique une perte de la qualité du goût, pour devenir aujourd’hui un des poissons les moins chers sur le marché lorsqu’il provient d’élevage « industriel ». Avec le temps, et comme pour tous les animaux en élevage du veau au poulet en passant par de nombreux poissons, la qualité s’est améliorée pour devenir aujourd’hui variable de zéro à l’infini suivant la race, les techniques, la nourriture, l’espace vital et la qualité des eaux. Paradoxe moderne : la race n’a presque plus d’importance puisque l’élevage prime. Les élevages intensifs donnent un poisson à la chair fade, cotonneuse, parfumée et colorée artificiellement alors que « normalement » la chair du saumon est sur des variantes de rose, ferme, fine et naturellement grasse. On le constate en goûtant le rare saumon sauvage de l’Adour. En Alaska, l’élevage est interdit depuis toujours et seul le sauvage est commercialisé. Les principaux pays d’élevage sont la Norvège, le Danemark, l’Ecosse, et l’Irlande. Il se consomme principalement frais ou fumé.
Ce dernier connaît un grand succès. Les enjeux commerciaux étant importants, la vigilance s’impose devant l’embarras du choix proposé dans les grandes surfaces comme dans les magasins spécialisés. Chaque étape a son importance. Le cycle de production, à savoir de la mise en filet du poisson frais jusqu’au produit fini, dure au moins huit jours dans les grandes marques, quelques heures dans la production industrielle. Le salage se fait avec du sel de mer en un équilibre subtil pour un bon séchage, tandis que l’on constate des horreurs comme la saumure piquée dans la chair ou la pulvérisation de sel fin sec sur la chair. Autre étape essentielle : le fumage. Le saumon doit être fumé frais (pas décongelé, ce qui est souvent le cas) et à froid avec du bois de hêtre, de bouleau, et même d’aulne comme chez Barthouil dans l’Adour. Poisson à la verticale et fumage lent sont des garanties d’excellence. Il sera meilleur tranché à la main mais parmi les nombreuses préparations sous vide ou pré-tranchées et séparées par des feuilles de cellophane, on trouve là encore le meilleur comme le pire. Notre test a pour but, entre autres, de séparer le bon grain de l’ivraie.
Quelques conseils de dégustation : proscrire le citron – choisir son type de saumon (finesse, rusticité) suivant l’usage que vous vous voulez en faire – faites simple pour le déguster : le chef Michaël Féval conseille une belle crème fraîche double et une tranche de pain de campagne légèrement toastée.
Que boire avec ? Un champagne peu dosé ; un Chignin Bergeron blanc de Savoie de chez Quénard ; éventuellement un Riesling ou un Pinot Gris qui s’accommodent bien du fumé.
Le Test Gourmets&Co
Nous avons privilégié le poisson d’élevage à l’exception du saumon d’Alaska pour les raisons évoquées plus haut. Le test s’est déroulé au restaurant Antoine avec le chef Michaël Féval, chef étoilé et grand spécialiste des mers froides du nord de l’Europe comme le montre son dernier livre « Pêche en Norvège – 10 produits, 30 recettes » (Editions Hinoki). Tranchés main ou pré-tranchés, les filets ont été sortis du froid et ouvert plusieurs minutes avant le test grâce à l’équipe responsable et professionnelle du restaurant. A part de l’eau minérale, aucun autre produit n’a été consommé durant le test.
Nous avons retenu 4 critères : couleur, fumé, texture, goût, ainsi que la note finale. Toutes les notes sont sur dix. Le total des notes des cinq testeurs est donc sur 50. Le test s’est déroulé totalement à l’aveugle.
Ont participé au test : Blandine Vié (journaliste et écrivain gastronomique) ; Corinne Vilder (journaliste gastronomie et vins) ; Helène Huret (journaliste gastronomique) ; Patrick Faus (journaliste gastronomique) ; et le chef Michaël Féval.
Les Résultats
1 – Kaviari – 42/50
Cœur de saumon fumé élevage
Origine : Norvège – Prix : 32 € les 6 tranches – 115 €/kg
Commentaires : « Tranches magnifiques et fines » ; « Parfait équilibre entre le salé et le fumé » : « subtilité et délicatesse du goût, tout en finesse » « gras et goûteux »
2 – Salma – 36,5/50
Cœur de saumon fumé élevage
Origine : Norvège – Prix : 45 €/kg
Commentaires : « Equilibre parfait » « Couleur, texture, gras, tout est exceptionnel » « excellent rapport qualité/prix »
3 – Petrossian – 35,5/50
Cœur de saumon fumé « Coupe du Tsar » élevage
Origine : Ecosse – Prix : 39 € les 6 tranches – 145 €/kg
Commentaires : « Très belle couleur et tranches superbes » ; « manque légèrement de fumé et du coup presque sucré ; « très marqué sur le goût du poisson »
4 – J. Barthouil – 34/50
Cœur de saumon fumé élevage
Origine : Norvège – Prix : 93 €/kg (à la coupe) ; 68 €/kg pré-tranché
Commentaires : « belles tranches épaisses » ; « très légèrement farineux et un peu trop fumé » ; « un produit finalement assez rustique »
5 – J.Barthouil – 26/50
Cœur de saumon fumé élevage bio
Origine : Irlande – Prix : 98 €/kg à la coupe – 76 €
pré-tranché
Commentaires : « Texture dense et assez boisé au nez » ; « un peu huileux sur la tranche »
6 – Labeyrie – 25/50
Saumon fumé élevage
Origine : France – Prix : 47,50 €/kg
Commentaires : « couleur trop claire et tranches trop épaisses » ; « présence d’arêtes » ; « un peu salé » « bon rapport qualité/prix »
7 – Da Rosa – 12/50
cœur de saumon fumé élevage
Origine : Norvège – Prix : 110 €/kg « tranché main minute »
70 €/kg pré-tranché
Commentaires : « Farineux » ; « pas agréable à aucun niveau » ; « fumage et donc goût de fumé beaucoup trop discret et presque inexistant »
8 – Alaska Seafood – 11/50
Saumon sauvage rouge « sockeye » fumé en France par Le Fumet des Dombes
Origine : Alaska – Prix : 53 €/kg
Commentaires : « pas engageant ni à la vue ni au reste » ; « aucune finesse ni dans le fumé ni dans le goût » ; « un produit très rustre et vraiment pas bon »
Classement par Critères
- Couleur
- Fumé
- Texture
- Goût
2 – Petrossian – 36/50
3 – Salma – 34/50
4 – J.Barthouil – 27/50
5 – J.Barthouil bio – 26/50
6 – Labeyrie – 23/50
7 – Da Rosa – 19/50
8 – Alaska Seafood – 12/50
1 – Kaviari – 33/50
2 – Salma – 32/50
3 – J.Barthouil – 29/50
4 – Labeyrie – 28/50
5 – Petrossian – 27/50
6 – J.Barthouil bio – 25/50
7 – Alaska Seafood – 14/50
8 – Da Rosa – 11/50 1 – Petrossian – 40/50
2 – Kaviari – 38/50
3 – Salma – 36/50
4 – J.Barthouil – 28/50
5 – Labeyrie – 26/50
6 – J.Barthouil bio – 24/50
7 – Alaska Seafood – 15/50
8 – Da Rosa – 13/50 1 – Kaviari – 37/50
2 – Petrossian – 36/50
3 – Salma – 34/50
4 – J.Barthouil – 27/50
5 – Labeyrie – 26/50
6 – J.Barthouil bio – 24/50
7 – Alaska Seafood – 12/50
8 – Da Rosa – 10/50
Les « top » des testeurs
Michaël Féval : Kaviari – Salma – J.Barthouil
Corinne Vilder : Kaviari – J.Barthouil – Petrossian
Blandine Vié : Kaviari – Petrossian – J.Barthouil
Hélène Huret : Kaviari – J.Barthouil – Salma
Patrick Faus : Salma – Petrossian – Kaviari
Restaurant Antoine (* Michelin)
10, avenue de New York
75016 Paris
Tél : 01 40 70 19 28
www.antoine-paris.fr
M° : Alma Marceau
Carte : 90 € environ
Sélection de points de vente
Petrossian
18, bd de Latour-Maubourg, 75007 Paris (Tel. : 01 44 11 32 22)
J.Barthouil
Boutique Des Saumons et des Ailes
41, rue Charlot, 75003 Paris (Tel. : 01 42 78 32 88)
Alaska Seafood en GMS
Labeyrie en GMS et boutiques Labeyrie
Da Rosa
62, rue de Sèvres, 75006 Paris (Tel. : 01 45 21 41 30)
Salma
Grande Épicerie, 38, rue de Sèvres, 75007 Paris
Kaviari
Grande Épicerie, 38, rue de Sèvres, 75007 Paris