MONTRÉAL – Le groupe Karkwa a reçu son tout premier disque d'or en carrière, mercredi, lors d'un point de presse informel et fort couru tenu au Pub Sainte-Élisabeth, à Montréal, en fin d'après-midi.
Venant souligner la vente de 40 000 exemplaires de son dernier album, Les chemins de verre, sorti au printemps 2010, la récompense tombe à point nommé pour la formation, qui rentre tout juste d'Europe et qui s'apprête à tomber en congé sabbatique. Loin de considérer cet honneur comme un ultime aboutissement, le batteur de la bande, Stéphane Bergeron, perçoit plutôt celui-ci comme un bel accident de parcours.
«Cet album n'était pas prévu, a expliqué le musicien. On est vraiment contents, vraiment flattés. On a eu des critiques dithyrambiques en France, au Canada anglais et au Québec, on a reçu le prix Polaris…C'est pas mal, pour un disque qu'on a fait à temps perdu, en tournée. C'est un peu un accident, et c'est celui qui a récolté le plus de choses. Mais on est des gars plutôt relax, on ne devient pas fous pour ça.»
Ayant trimé dur pour se faire un nom, les membres de Karkwa demeurent philosophes devant les éloges.
«Notre succès, on l'a connu vraiment graduellement, a poursuivi Stéphane. C'est cliché de dire ça, mais on a toujours été axés sur la musique, sur l'art. On a vendu 40 000 albums; ça signifie seulement qu'on a réussi à avoir un certain succès commercial au Québec.»
Au cours des prochains mois, les troupes du chanteur Louis-Jean Cormier s'éloigneront quelque peu du tourbillon médiatique, eux qui ont beaucoup été sous les projecteurs pendant l'automne. On pourra certes entendre la pièce La vague perdue (déjà disponible sur le web) dans le film La peur de l'eau, qui prendra l'affiche le 27 janvier prochain, et se procurer un album double enregistré en concert au printemps 2012, mais sinon, les jeunes hommes aspirent à s'offrir un repos bien mérité et ne songent pas encore à leur prochaine œuvre.
«On s'est dit qu'il fallait qu'on respire, a précisé le batteur. C'est une drôle de vie et de situation pour des gars de 30 ans qui commencent à avoir des enfants. Les gens ne se doutent pas à quel point c'est particulier. Le prochain album, en sachant que les ventes de disques dégringolent d'année en année, il faudra s'assurer qu'il sera aussi bien reçu que le dernier. C'est un gros stress qu'on ne veut pas s'imposer. Alors, on préfère prendre un “break”. Quand on se sentira prêts, on va recommencer.»
Enfin, quelle conclusion tire le groupe de son récent périple en sol français? «C'est difficile de tracer un réel bilan, avoue Stéphane. On a eu un beau succès d'estime, mais on ne joue pas dans les radios commerciales, là-bas, et c'est ce que ça prend pour devenir gros. Mais il y avait des gens dans les “shows”. Nous, on n'allait pas là avec de l'ambition; on n'avait pas d'attentes.»
Karkwa terminera sa tournée Les chemins de verre le samedi 17 décembre prochain au Métropolis, à Montréal.
Article de Marie-Josée Roy, Agence QMI le 14-12-2011