Les rues
ces pentes de cristal
veulent fuir de sous les balcons
elles kidnappent les enfants
au long de leurs fleurs barbelées
en faisant rouler leurs cerceaux
et leurs roues de vélos sournoises
où vont-ils ? Disparaissent-ils ?
Est-ce par delà les jardins ?
Est-ce au détour d'un arbre clair,
à l'appel d'un nuage seul ?
Ils s'engouffrent
dans les châteaux
trop hauts, couleur de boue, de fer
par des fenêtres haut perchées;
les escaliers y sont légion.
Là, ils atterrissent en bas,
dans leurs entrailles compliquées
aux confinements clairs-obscurs
et ils passent de sas en sas
parmi les toiles d'araignée
et les pelages d'argent sourd
de loups qui hurlent à la mort.
Ce sont tous des Petits Poucets
qui essaient de tromper l'ennui
tombé des éclairages huileux,
des lèvres muettes animées
somnambuliques
qui statuent
à l'abri du moindre regard.
Patricia Laranco