On se souvient des déclarations tonitruantes de Jacques Chirac (quand il avait toute sa tête) prononcées lors d'une interview télévisée du 14 juillet. Interrogé par un journaliste sur l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, il avait évoqué une affaire abracadabrantesque et assuré qu'elle ferait « pschiiit ! ». D'ailleurs, les différents procureurs (tous promus, depuis, à des postes prestigieux et influents) proposaient de classer l'affaire sans suite ce que les juges d'instruction n'ont jamais accepté. Notamment la juge Siméoni, courageuse et opiniâtre.
Même si Jacques Chirac n'est plus le même homme aujourd'hui que lorsqu'il était maire de Paris et président du RPR, il est toujours de ce monde (heureusement pour lui et sa famille) et doit, par conséquent, assumer la responsabilité des actes qu'il a commis dans un autre temps. Il s'agit là de l'action de notre justice républicaine apte à juger les puissants et les faibles et qui s'est prononcée ce matin.
Pour les emplois fictifs bénéficiant à un certain nombre d'élus ou d'employés, Jacques Chirac a été condamné à deux ans de prison avec sursis, peine à la fois lourde s'agissant de la personnalité et légère eu égard aux sommes dépensées par la mairie de Paris en faveur d'un système illégal d'ailleurs remboursées par Jacques Chirac et l'UMP.
Ce jugement et les déclarations de Jacques Chirac me font penser aux affirmations de Nicolas Sarkozy dans l'affaire de Karachi. A plusieurs reprises, on l'a interrogé sur son lien éventuel avec cette affaire de commissions et rétrocommissions à l'occasion d'une vente d'arme au Pakistan. N'a-t-il pas déclaré qu'il s'agissait « d'une fable et qu'on ne trouverait rien » ! Il semble bien que les magistrats instructeurs ne sont pas de son avis. Ils cherchent et ils trouvent. Ils viennent de mettre en examen, ce jour, Renaud Donnedieu de Vabres, ancien conseiller de François Léotard, alors ministre de la défense du gouvernement Balladur ce qui tendrait à démontrer que les juges possèdent des éléments factuels permettant de douter de la régularité du financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur. Les 10 millions de francs versés sur son compte de campagne au lendemain du premier tour ne seraient pas le produit d'une vente de tshirts et de gadgets proposés sous le chapiteau des réunions publiques. Le plus important dans une fable, c'est la morale de la fable. On l'attend avec impatience.