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Acheter français ou Made in France c'est mal ?

Publié le 15 décembre 2011 par Lheretique

Depuis que Bayrou a amené dans la campagne présidentielle le Made in France, on se déchaîne à gauche et à droite. 

Il est devenu de bon ton d'accuser Bayrou de nationalisme, et mon camarade de Lyonnitudes, tout comme l'équipe d'Éva Joly et même François Hollande n'ont pas manqué de marcher dedans.

Moi, j'appelle Bayrou à ne pas se laisser intimider. Non, ce n'est pas du nationalisme que d'appeler à acheter la production française ou même de la marque française. J'avoue que c'est très surprenant des Verts qui prônent le localisme que d'attaquer Bayrou parce qu'il fait valoir l'intérêt économique d'acheter ce qui se produit sur notre sol : il me semble que cela se combine très bien avec le concept qu'il développe, l'écologie positive, et puis, Hervé Torchet le démontre clairement dans son dernier billet, il est évident que cela réduit considérablement le bilan carbone du bien produit. Hervé fait au passage une observation de bon sens avec ses AOC qui sont des certificats indiscutables de localisme.

Il y a plus : Robert Rochefort, ancien président du CREDOC et expert économique du MoDem a fait un calcul très simple dont je rends compte ici : 

Tous les mois les français dépensent 36 milliards d'euros dans l'achat de produits industriels de consommation. Cela fait un peu plus de 400 milliards d'euros par an. Si l'on change uniquement 10 pour cent de notre consommation, c'est a dire 10 pour cent des produits que l'on achète qui viennent d'ailleurs que l'on transforme en produit que l'on achète en France, cela permettra de réduire de moitié le déficit de notre commerce extérieur, qui s'élèvera cette année à 75 milliards d'euros . Ces 40 milliards de plus vont permettre la relance pour l'activité économique de notre pays sans 1 euro d'impôt en plus.

L'idée tombe très bien car elle rencontre la volonté du peuple : les Français sont justement prêts à acheter made in France et même à payer 10% plus cher si le produit est certifié production locale.

Pour répondre au Parisien Libéral, la proposition de Bayrou ne concerne pas la seule indsutrie même s'il faut rappeler que c'est elle qui a la plus forte valeur ajoutée mais toute l'économie dématérialisée, cela va de soi.

Laurent de Boissieu a judicieusement mis en garde contre une confusion entre acheter français et acheter Made in France. Je pense que Bayrou est clair sur le sujet. Il s'agit bien de Made in France dont il veut parler. Toutefois, le fait d'acheter français ne ferait pas pour autant de lui un nationaliste comme je l'ai entendu, et ensuite, évidemment, le fait d'acheter des marques françaises contribue aussi à l'enrichissement de notre pays. C'est je pense ce que fait observer le Parisien Libéral. Nous sommes d'accord, il s'agit de jouer sur les deux tableaux, mais certainement pas avec des mesures protectionnistes comme veut le faire le Front National.

A droite, on dénonce un mesurette, mais on s'empresse d'embrayer sur le même discours. Tous ces gens-là, au fond, ne me semblent pas partager une conviction profonde de Bayrou qui est une donnée fondamentale dans sa manière de raisonner. Bayrou, et plus généralement toute la tradition libérale et centriste depuis Montesquieu, a toujours fait de l'individu le centre de toute action. Or, Bayrou croit profondément dans le pouvoir du citoyen-acteur. Le citoyen n'est pas de son point de vue un être passif qu'il faut mener à la shlague ou au contraire qu'il faut couver façons Care à la Martine Aubry. C'est d'abord un individu libre, capable d'agir sur son environnement. Acheter Made in France, c'est agir sur l'environnement économique. Il y a une efficience naturelle du citoyen-acteur en laquelle François Bayrou place une profonde confiance. Il a observé la manière dont l'intelligence collective, quand on ne la recouvrait pas d'une chappe de plomb, se montrait capable de réaliser les productions les plus efficaces et les plus inventives. Wikipedia, par exemple, qui fascine Bayrou. Bayrou est un humaniste car il croit en l'être humain. C'est cela la marque de fabrique de l'humanisme. Il ne suffit pas de le dire pour être un humaniste. Il faut en prendre acte dans son mode opératoire de pensée. 

Libérer les énergies, les initiatives, c'est l'idée de départ du programme du MoDem, le parti de François Bayrou. C'est aussi pour cette raison que l'État bayrouiste n'a pas pour vocation d'écraser l'individu, ni de se déinstéresser de son sort, pas davantage de prendre des décisions à sa place mais, au contraire, de lui faciliter ses choix, car c'est la liberté de l'individu qui est l'objet principal de cet État-là. Et il y a un lien consanguin, à n'en pas douter, entre la liberté et le bonheur.

Il est indigne de chercher à culpabiliser les adeptes du Made in France, comme cherchent à le faire ignominieusement la gauche et quelques autres beaux esprits ; il faut au contraire en faciliter le choix par le citoyen en lui garantissant une information fiable, le label à étoiles de Bayrou autrement dit.

L'humanisme de Bayrou se retrouve à nouveau à travers sa conception du rapport de l'homme à la nature : ce qu'il appelle l'écologie positive. C'est autour des liens que l'homme tisse avec la nature que l'écologie doit s'avancer. Ainsi les abeilles dont les écologistes ne parlent plus assurent 50% de notre alimentation. Pourquoi se concentrer exclusivement sur le nucléaire ? Yan Werhling faisait observer fin novembre que le vrai problème, ce n'est pas tant le nucléaire que les énergies fossiles en général qui nous mèneront immanquablement vers une crise similaire aux crises financières que nous vivons. Bref, notre écologie doit être empreinte d'un pragmatisme certain et dégagé de toutes formes d'idéologie et de jugements moraux en soi. J'aurai l'occasion d'y revenir dans un prochain billet.


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