Voici leur histoire. En 1701 Tsunayoshi Tokugawa, 5ème shogun de la dynastie, célèbre le Nouvel An. Il charge Naganori Asano, un petit seigneur local du fief d'Akô, de veiller au moindre détail de la réception. Celui-ci se présente à Kira, le maître de cérémonies impérial et lui offre des cadeaux pour son aide que ce dernier juge indignes de son rang. Il s'emploie dès lors à ridiculiser le jeune daimyo de 36 ans, en le faisant par exemple appeler à la cour en pantalon court alors que tous les autres y sont conviés en pantalon long. D'humiliations en humiliations Asano perd son sang-froid et érafle le maître de cérémonies avec son sabre lors de la réception. Un scandale car l'usage des armes est interdit dans l'enceinte du palais. Le shogun ordonne aussitôt à Asano de se faire seppuku, c'est à dire de se donner la mort. Il s'exécute. Son fief est confisqué, la famille perd tous ses titres et ses 300 samouraïs sont déclassés. Mais 47 d'entre-eux décident de se venger, ce qu'ils feront le 14 décembre 1702. Ils envahissent le château et décapitent l'infâme maître de cérémonie puis déposent la tête de leur ennemi sur la tombe de Naganori. Le plus jeune d'entre-eux qui n'a que 16 ans est chargé d'avertir les autres anciens samouraïs d'Asano Naganori de la nouvelle. Pendant ce temps les 46 autres se rendent auprès du Shogun Tokugawa. Celui-ci n'a d'autre choix que de les condamner à mettre fin à leurs jours de manière honorable, par suicide rituel, malgré un fort soutien populaire, ce qu'ils font ensembles en public le 4 février 1703 dans le temple de Sengaku-ji. C'est à ce même endroit en face de leur maître qu'ils seront inhumés. Après avoir accompli sa mission le 47ème ronin se livra également au Shogun qui le gracia pour entretenir les tombes, à sa mort à 81 ans, il sera inhumé avec ses compagnons et son maître. Un autre ancien Samouraï d'Asano Naganori vint se suicider au Sengaku-ji pour se faire pardonner de ne pas avoir participé à l'attaque contre Kira Yoshinaka. Une légende est née dont s'emparera le théâtre kabuki en 1748. Il y aura 85 adaptations au cinéma dont le film de Kenzi Mizoguchi, "la vengeance des 47 rônins".
L'histoire est en phase avec les contradictions politiques de son temps. Lors de la première période féodale de la fin du XIIeme siècle à la fin des guerres civiles en 1600, la vengeance était un droit et une obligation absolue pour tout samouraï. Lorsque le 1er shogun arrive au pouvoir en 1603 il supprima cette relique du passé afin de garantir la paix de son pays. Un siècle plus tard, les 47 rônins passèrent outre.