Plusieurs joueurs français possédant la double nationalité, en L1 et à l’étranger, sont pistés par Claude Le Roy (RD Congo) et Jean-Guy Wallemme (Congo) pour accompagner leur sélection vers la CAN 2013 ou le Mondial 2014. Les sélectionneurs ne promettent pas la lune, mais ont bon espoir.
Des deux rives opposées, Kinshasa et Brazzaville s’observent. Les capitales de ces deux pays tellement proches – et pas seulement pour des raisons géographiques – juste séparés par le fleuve Congo, sont parcourues par une seule et même volonté. Comme d’autres pays africains, la RD Congo et le Congo ont décidé de s’attaquer à l’épais dossier des binationaux, ces joueurs la plupart du temps nés en France, mais dont les origines se trouvent dans ces deux anciennes colonies belge et française.
Claude Le Roy (63 ans), qui avait déjà entraîné la RDC entre 2004 et 2006, a succédé à Robert Nouzaret au moins de septembre dernier, et la question des binationaux s’est naturellement imposée à lui. “J’ai deux objectifs : la qualification pour la CAN 2013 en Afrique du Sud, et pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. Pour espérer y parvenir, nous devons mettre toutes les chances de notre côté. Et cela passe par la sélection des meilleurs”, argumente l’ancien sélectionneur du Cameroun, du Sénégal et du Ghana. “Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir avec moi ceux qui peuvent apporter quelque chose à la sélection, qu’ils jouent en RDC ou en Europe. » En épluchant la liste de ceux qu’il a déjà appelés pour ses premiers matches à la tête de Léopards, Le Roy assure “qu’il y a de la qualité”. Mais sans doute pas assez pour permettre à la RDC de viser trop haut.
Le Roy : “Je garantis des conditions professionnelles…”
Mais le sélectionneur de la RDC n’est pas un sympathique ingénu. Il n’ignore que certains de ces joueurs préfèreraient jouer pour l’équipe de France. “Je ne peux pas aller contre cela, admet-il. Quand j’aurai la possibilité de parler avec eux, je tiendrai un discours honnête, en leur disant qu’ils ont la possibilité de disputer la Coupe du Monde et la CAN, mais aussi qu’en jouant pour leur pays d’origine, en voyageant en Afrique, ils découvriront des sensations inoubliables. Et ceux qui nous rejoindront devront vraiment être motivés par le projet.” Le Roy, qui a coché sur son agenda la date du 1er juin 2012 et un déplacement au Cameroun, pour le premier match du second tour des qualifications pour la Coupe du Monde 2014 (Ndlr : la Libye et le Togo figurent également dans le groupe I), aimerait être fixé “d’ici fin février.”
Le chantier de Wallemme
Wallemme a également inscrit parmi ses priorités Dominique Malonga (Cesena, Italie), Thievy Bifouma (EspanyolBarcelone, Espagne) et Brice Samba, le gardien réserviste du Havre (Ligue 2). Comme Le Roy, Wallemme s’intéresse à Nzonzi, qui possède des ascendances des deux côtés du fleuve Congo. “Tous, ou presque ont envie de jouer pour l’équipe de France. Mais dans l’entourage de certains, il y a une volonté de les voir jouer pour le Congo. ” Et un peu plus que son voisin de la RDC, Wallemme va devoir déployer des trésors de persuasion pour en attirer quelques-uns en sélection. “On met en place un projet sportif et une organisation professionnelle. Car j’ai aussi envie de convaincre ceux qui avaient décidé de ne plus jouer pour leur pays, en raison des problèmes récurrents, comme Christopher Samba (Blackburn Rovers), ou qui avaient décliné la sélection, tel Albin Ebondo (Saint-Etienne).” C’est ce qui s’appelle partir de très loin…
Eurosport - Alexis BILLEBAULT