On appelle cela "lever de rideau" et on le propose au public de manière un peu impromptue et sans grande publicité, ce qui d'une dernière manière est regrettable car c'est toujours de qualité.
Le principe est de ne pas stresser ceux qui ont conscience de n'être pas encore tout à fait prêts et de ne pas décevoir non plus des spectateurs qui pourraient arriver avec un niveau d'exigence trop élevé. Cette fois c'étaient des étudiants de troisième cycle du Conservatoire de Bourg-la-Reine (92) qui avaient effectué un stage d'une semaine avec Brontis Jodorowsky dont la mise en scène de l'Inattendu est programmée la semaine prochaine au Pédiluve. (J'avais beaucoup apprécié cette pièce que j'avais vue aux Déchargeurs l'an dernier)
Ils ont travaillé dans des conditions les plus proches possible de ce qu'ils seront amenés à vivre ultérieurement en tant que professionnels du théâtre. Chacun avait réalisé un travail d'écriture sur le thème de l'amour, la mort ... et la vie bien sûr. Ils sont arrivés au stage avec quatre projets qui ont d'abord été exploités en groupe. Brontis a aidé chacun à approfondir. De certains textes il n'est resté qu'une pantomime mais, au bout d'une semaine de travail à la table, d'improvisations et de répétitions sous un regard bienveillant est apparu ce que le metteur en scène a qualifié modestement de "petit objet" parfaitement présentable à un public pour peu qu'il soit considéré comme un travail en cours, le fameux "work in progress" comme on le désigne outre-atlantique.
Une des premières aborde la mort d'un enfant et le vocabulaire pour exprimer un décès. On est étonné d'en entendre autant, et de noter combien certaines expressions ont un rapport avec le théâtre comme tirer sa révérence.
Ils nous ont chacun donné des moments très intimes. Pour l'une ce fut l'avis de décès d'une grand-mère formulé avec une grande poésie : Mon éclat de tendresse est toujours avec toi. Pour l'autre, le souvenir de sa première visite au Cambodge.
Il fut question, comment éviter ce classique ..., de l'appât de l'héritage, la phobie du cancer (dans une scénette d'inspiration très woodyallienne), une lecture effrayante des ingrédients que l'on ingurgite quotidiennement dans des produits de grande consommation, rendant prophétique une des répliques de la soirée : la mort nous guette tout le temps.
Brontis Jodorowsky a quant à lui encore plus envie de monter le spectacle qui pourrait s'intituler ... & Thanatos, sous cette forme ou une autre, que nous aurons grand plaisir à découvrir.