Bouter les pauvres hors des lieux parisiens fréquentés par les touristes pendant les fêtes, c'est le sens d'un décret pris notre ineffable ministre de l'intérieur, Claude Guéant. Ainsi, les clochards et mendiants ne pourront circuler sur les Champs-Elysées, aux abords du Louvre ou sur les grands boulevards par exemple.
L'intérêt de ces lieux n'est pas seulement qu'ils sont très fréquentés, mais aussi et surtout qu'ils le sont par les personnes les plus riches de la planète. En cette période de crise et d'explosion de la misère, il n'est pas bon pour le commerce du luxe (qui ne connaît pas la crise par contre, lui) que celle-ci soit trop voyante. Entre les riches et les pauvres, Claude Guéant a choisi.
Quelle drôle de pays que le nôtre, qui se vante d'avoir inventé les droits de l'homme, qui se gausse de son système de protection social (ou ce qu'il en reste), et qui cache ses miséreux pour permettre aux riches de festoyer en toute tranquillité. Il ne s'agit que d'un pas supplémentaire dans la chasse aux pauvres, puisqu'il y a seulement quelque semaines, le maire de Nogent sur Marne a pris un intérêt interdisant la fouille des poubelles.
Mais le pire n'est pas là, il est dans l'indifférence générale qui entoure ce scandale, comme si peu à peu, insidieusement, nous nous étions habitués et que plus rien ne pouvait nous choquer. Le pire est dans le silence qui entoure ce décret dans la presse française, silence tel qu'il faut lire les journaux anglais pour avoir l'information, en l'occurence, The Guardian (Désolé, c'est en anglais !).