La première chose qui me frappe, dans l'exploration en cours de la rentrée d'hiver (pour l'instant, je la hume, j'ouvre les livres et je les referme), c'est le poids d'un bon nombre d'ouvrages. Les écrivains du vingt et unième siècle sont-ils devenus incapables de faire court? (Je précise qu'un bon livre est, à mon sens, celui qui a la taille idéale dans laquelle son auteur se sent à l'aise et, dans le meilleur des cas, son lecteur aussi.)Je prends, par exemple, les 714 pages du nouveau roman de David Lodge, Un homme de tempérament, qui me tente beaucoup. C'est du copieux, et je me demande si l'auteur d'Un tout petit monde tient sur cette distance, qui me semble inhabituelle pour lui, le pétillement qui caractérise son œuvre. J'espère que oui, parce que j'ai l'intention de m'y mettre sans tarder.Les 689 pages d'A.S. Byatt dans Le livre des enfants sont encore plus impressionnantes, en raison d'un choix typographique plus serré. Mais la sœur de Margaret Drabble a de la ressource, et je ne crois pas que je vais m'ennuyer.Antonio Muñoz Molina vogue dans les mêmes eaux, s'agissant du volume de Dans la grande nuit des temps (768 pages). Grande, dit-il...En France, Régis Jauffret n'a pas non plus lésiné sur le nombre de pages avec Claustria, un livre que je ne suis pas le seul à attendre: 544. La matière, il est vrai, est celle des 3096 jours d'enfermement de Natascha Kampusch, transposée dans un roman - l'écrivain n'en est pas à son coup d'essai dans le fait divers détourné du côté de la fiction.Stéphane Koechlin publie un livre de 600 pages, Le vent pleure, Marie, dont Louis Armstrong et la revue Rock and Folk ne sont pas absents.Et le premier roman de Pierre Patrolin déroule sur 720 pages La traversée de la France à la nage - je suis très curieux de voir ça.Il en manque peut-être, dans les grands formats. Mais ceux-ci m'ont frappé. Parce qu'ils m'attirent. Au moins autant qu'un certain nombre d'ouvrages à la taille plus raisonnable - il y en a beaucoup, heureusement pour les heures que je me prépare à passer, dès la semaine prochaine, dans la rentrée littéraire de janvier.