Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
8e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Le facteur s’est mis lui aussi à la poésie. Sans même descendre de vélo, il lit quelques spécimens de sa production. Mais il prend peur en apercevant la vieille Frédégonde, qu’il tient pour sorcière.
Genou dans la fougère, la fougère aigle.
Très loin,
C’est quand même ici — que ça se passe. Au bord
De ce bois, elle prend une inspiration, ses épaules
Se lèvent, l’une, puis l’autre (avec torsion du dos),
Et puis les deux ensemble (avec secousse du haut
Du corps), comme si elle passait les bretelles d’un (370)
Havresac, la jeune fille. Et d’un gros. Lourd, large,
Rebondi. Il est rempli à craquer. Tout y est. Est-ce
Que tout y est bien ? Porter le monde sur son dos,
Comme l’helix, oui, l’escargot..Mais à grandes enj
Ambées ; puisqu’on tient sur de grandes hanches,
Haut juchée ; qu’on s’appuie sur de belles cuisses,
Qu’on peut avancer l’une, puis l’autre ; puisqu’on
A la possibilité de faire saillir les muscles de deux
Superbes mollets, nerveusement ; comme du reste
De... eh bien, genoux, jarrets, et chevilles et doigts (380)
De pied.Parfaitement. Et donc, cette comparaison
Avec l’escargot... elle tourne court, elle est mal ve
Nue. C’est un avorton de comparaison. Puis, il ne
Porte que sa maison, et pas plus lourde qu’une bu
Lle : moi (dit la jeune fille), c’est le monde. Et mon
Nom c’est Alix, salut ! (poignée de mains, on s’em
Brassera peut-être demain). Je fais volte-face, trop
Vite, mouvement trop sec, et avec le poids du sac,
Que je n’ai pas encore « intégré », c’est inattendu !
Le sac m’entraîne ! c’est tout juste, si je ne me suis (390)
Pas mis à tourner comme une toupie ! Il faut faire
(Et ça n’a vraiment rien d’élégant) un grand pas d’
Côté, frapper du talon dans la latéralité, pour que
Je retrouve ma stabilité... Mais du coup j’ai fait un
Tour complet sur moi-même quand même et m’re
Voilà devant le même champ. Allez ! ce coup-ci je
Rempoigne au niveau des clavicules mes bretelles,
D’un coup de hanche, je remets le sac d’aplomb et
(Froncer brièvement les sourcils, battre presqu’im
Perceptiblement des cils, et serrer un vrai coup les (400)
Dents) et... adieu, blonds champs de la Gaule, euh,
Demi-tour ! l’Alix va, d’un pas décidé, franchir l’O
Rée de l’antique sylve. Arrêt sur image : son short,
Sur sa cuisse, alors que celle-ci se lève, laissant voi
R davantage de peau... ce short sur la cuisse, donc,
C’est du beige sur du doré (oui, quelle image ! et, là
Où se rejoignent le tissu et l’épiderme : cette fine li
Gne d’ombre, tombée du soleil, et ces poils blonds
À peine les voit-on, en y mettant beaucoup d’atten
Ti.on, ces poils, ce duvet et lorgnez-moi ça d’encor (410)
Plus près : sur la peau, est-ce une buée ?.. Serait-ce
De la... sueur ? Vous croyez, vraiment ?...Sérieux ?
Vous croyez ?... – Hé vous là-bas ! vous n’avez pas
Bientôt fini, ho ? vous voulez que je vous prête ma
Loupe ?... Heureusement que tous mes lecteurs ne
Sont pas comme ça, sinon ça me dégoûterait d’écri
prochain épisode vendredi 16 décembre 2011