Cette histoire du Dieu du Manga, Osamu Tezuka fut publié en 1967 au Japon.
Elle aborde des sujets qui restent d’actualité en ce début de XXI° siècle : les questions de genre, de sexe, de pouvoir, de racisme et d’identité. Osamu Tezuka ne se départit pas de son acuité en raillant aussi les médias, les politiques, les militaires et tous les va-t-en guerre que le monde doit supporter.
C’est l’histoire d’un homme, Tenka Taihei, dont la semence spermatique (ses spermatozoïdes ont deux queues) donne naissance à des enfants asexués. Il est exploité par des gens sans scrupules qui veulent produire une armée de guerriers du troisième sexe et les utiliser pour asservir le monde. Cet homme sensible et manipulable se trouve confronté au cynisme le plus froid, à la fourberie, la veulerie, l’inconséquence d’hommes et de femmes machiavéliques. Il devient, malgré lui, dictateur d’un nouveau pays et se retrouve lancé dans une surenchère dont il essaie vainement de s’extraire.
Écrit en pleine guerre du Viêt-Nam, à la fin des années 1960, cette histoire est à replacer dans son contexte, mais offre de multiples pistes de réflexion aujourd’hui encore. L’humour omniprésent et le dessin si caractéristique d’Osamu Tezuka permettent à cette aventure soulevant des questions graves de toucher un large public. Osamu Tezuka réussit brillamment à parler de sexe : il évoque sans pudeur les rapports entre les sexes, la notion d’inceste, la transsexualité, l’hypersexualité… sans jamais sombrer ni dans le voyeurisme, ni dans la surenchère. La sexualité est bien la question centrale de l’ouvrage mais elle sert un propos plus large incluant l’identité et les pouvoirs (médias, argent, politique, militaire…). Sexe et société sont ainsi abordés de façon conjointe : Osamu Tezuka dresse le portrait d’un individu qui tente d’affirmer une identité privée dans un contexte social devenant de plus en plus omnipotent.
Le site de l’éditeur FLBLB.
Des billets de ci de là : l'accoudoir (Mikaël Demets), Zero Yen (demosthene), Schizodoxe...
Debout l’humanité
Osamu Tezuka, éditions FLBLB, 2011 – 18,00 €.