(Aujourd'hui, je laisse la parole à Bill mon Boss, le mec qui est juste là.)
Bon…
La Pénélope, elle vient me voir dans mon bureau et me déclare tout de go ! Hé chef (j’aime pas quand elle m’appelle chef !), tu me ferais pas un papier pour mon blog sur les handicapés ?
- Sur les handicapés, ben pourquoi moi ?
- Non, c’est pas ça Bill (J’aime bien quand elle m’appelle Bill, même si j’ai toujours pas compris pourquoi ?), c’est vrai, je le vois pas moi ton fauteuil roulant, mais faut bien reconnaître que… ben… ça y ressemble vraiment le petit chariot moche que t’as sous les fesses.
- Ah oui, excuse-moi, lui répondis-je (j’aime ce ton qui instaure une certaine distance avec le petit personnel), l’air faussement chafouin !
- Il paraît qu’à la Capitale, ils ne savent plus reconnaître le vrai du faux, chef ?
- Ah mon petit (expression familière et paternaliste qui consiste à recréer une ambiance après la remarque susdite), vous faites certainement allusion à cette contravention prise à Paris, alors que je me garais sur une place handicapé ?
- Oh oui chef, vous racontez bien !
- Eh bien oui, je pose la question ! De quel droit aujourd’hui, une personne à mobilité réduite (ça aussi j’adore !) s’arroge-t-elle le droit de se garer sur une place qui lui est réservée ? C’est la question que j’ai immédiatement posée à l’officier interministériel du commissariat du VIe arrondissement dans une missive que je joins à ce papier.
Extrait :
Quimper le 8 décembre 2011,
Monsieur l’officier interministériel,
Je ne sais pas si cela est un gag ou alors si les services de police sont tombés sur la tête et distribuent des cadeaux de Noël en cette période de fête, mais… prendre une amende de 135 euros sur une place handicapé, alors que vous avez disposé votre macaron GIC bien en évidence et que vous êtes vous même en fauteuil roulant à de quoi surprendre !
Peut-être ces messieurs pensent-ils que depuis qu’ils ont vu le film des « intouchables » avec François Cluzet, qu’il n’y a que de faux handicapés qui s’amusent avec de faux fauteuils roulants.
Eh bien non, dans mon cas, c’est un vrai fauteuil avec dedans un vrai gars qui marche pas !
Alors merci de prendre avec humour cette missive et de m’accorder une exonération pour une amende qui ne m’est pas destinée.
Bien cordialement.
Le chef de pénélope !
- Vous rigolez chef !
- Mais non c’est la vérité, de même que par le passé, à Quimper, alors que l’idée sotte et grenue me prenait, une fois encore, de disposer avec malice mon véhicule sur une place réservée à cette gente de personnes autorisées, à qui l’on réserve des places ici et là; une femme mûre, pour ne pas dire blette, m’agresse, à peine ai-je entrouvert la porte de mon automobile immobile.
- C’est une place handicapé, maugrée t-elle violemment en faisant un geste dédaigneux à mon encontre. Les places handicapés, c’est pas pour les chiens, croit-elle bon de rajouter !
- Ce à quoi je rétorque immédiatement. Mais dites-moi ma bonne dame ! Il n’est point possible d’avoir une grosse voiture (je ne citerais pas le modèle, mais tout de même, je suis chef !), d’être beau gosse, et d’être handicapé. Eh toc !
- Oh chef-chef, vous me faites rire, chef !
- Bon, Pénélope, vous êtes gentille, mais voilà tout de même une bonne heure que vous êtes dans mon bureau à me questionner sur la place des handicapés dans la société, leurs petits malheurs, leurs angoisses angoissantes, leurs pneus dégonflés, leurs histoires tristes et gonflantes… Que diantre, retournez travailler ! Et puis, ce soir, filez voir les « intouchables » pour découvrir que ce film donne une envie irrépressible d’adopter un handicapé comme un petit animal de compagnie, avec un avantage certain à la différence du hamster ou du lapin nain, c’est que le tétraplégique ne risque pas de s‘échapper tout seul.
… Et arrêtez de m’appeler chef !