Abandon d'une grossesse non désirée ou décision de poursuite présentent le même niveau de risque pour la santé mentale, conclut cette méta-analyse de l'ensemble de la littérature scientifique disponible. Un risque néanmoins accru, de la même manière, quelle que soit la décision, poursuite ou IVG, qui nécessite un soutien de la part des professionnels de la périnatalité, expliquent les experts de l'Academy of Medical Royal Colleges.
Cette analyse britannique approfondie de la littérature disponible suggère néanmoins que pour les femmes qui vivent une grossesse non désirée, le risque d'effets psychologiques est augmenté. C'est donc l'expérience même d'une grossesse non désirée qui entraine un risque accru pour la santé mentale de la mère mais pas plus s'il y a décision d'IVG ou décision de mener la grossesse à terme. Cependant, il y a bien des facteurs spécifiques associés à des problèmes de santé mentale suite à un avortement, dont l'expérience d'attitudes négatives envers l'avortement et l'expérience d'une situation personnelle obligatoirement stressante. Rappelons qu'en France, le nombre d'IVG est en augmentation (Courbe ci-contre).
La relation entre grossesse non désirée, avortement ou poursuite de la grossesse et la santé mentale reste complexe. Il y a par ailleurs, des limites inévitables à l'analyse en raison de la qualité variable et les différences de méthodologies des études prises en compte, précisent eux-mêmes les auteurs.
L'analyse a été centrée sur des femmes qui ont vécu une IVG pour grossesse non désirée et non pour des raisons de santé relatives à la mère ou à l'enfant et a tenté de répondre à ces 3 questions :
• Quelle est la fréquence des problèmes de santé mentale chez les femmes qui ont eu un avortement?
• Quels sont les facteurs associés aux troubles en santé mentale après un avortement?
• Les problèmes de santé mentale sont-ils plus fréquents chez les femmes qui ont un avortement pour grossesse non désirée vs les femmes vont jusqu'au bout d'une grossesse non désirée? Cette revue systématique s'appuie sur les conclusions de précédentes revues systématiques, et a donc regroupé les résultats de précédentes études en une seule analyse.
Les principales conclusions du groupe d'experts sur les études disponibles et leurs limites sont les suivantes :
• Une grossesse non désirée est associée à un risque accru de problèmes de santé mentale.
• Pour les femmes ayant une grossesse non désirée, le taux de problèmes de santé mentale est identique qu'il y ait eu IVG ou poursuite jusqu'à terme de la grossesse.
• Le facteur prédictif le plus fiable des problèmes de santé mentale après un avortement est en fait l'existence d'antécédents de problèmes de santé mentale avant l'IVG.
• Les facteurs associés à des taux accrus de problèmes de santé mentale sont identiques pour les femmes qui ont eu un avortement ou qui ont poursuivi leur grossesse.
• Certains facteurs associés à un risque plus élevé de problèmes de santé mentale sont spécifiquement liés à l'avortement. Il s'agit notamment de la pression exercée par le partenaire pour une décision d'avortement, le vécu d'attitudes et d'opinions négatives envers l'avortement.
• En cas d'antécédents de troubles mentaux ou psychologiques, une réaction émotionnelle négative immédiatement après l'avortement est un indicateur de risque élevé de la persistance de ces problèmes de santé mentale.
Les chercheurs suggèrent donc de mener de nouvelles études plutôt sur les conséquences psychologiques des grossesses non désirées plutôt que sur l'issue de la grossesse. Ils concluent qu'il est essentiel de prendre en compte les besoins de soutien d'une femme qui vit une grossesse non désirée parce que, quelle que soit l'issue, il y risque de conséquences psychologiques.
Source: Academy of Medical Royal Colleges December 9 201 Systematic Review of Induced Abortion and Women's Mental Health Published. et DREES Études et résultats - 765 - Les interruptions volontaires de grossesse en 2008 et 2009
Accéder aux dernières actualités sur l'IVG