Lorette Nobécourt décrit ainsi la trame de son neuvième roman : « Roberto a fui la dictature chilienne, Unica celle de son père. Ils se rencontrent à Barcelone. De leur union nait ce fils, Kola, qui, après le suicide de sa mère, doit affronter les démons historiques et familiaux. Il est aidé par son père, mais aussi par Alejandra, la psychiatre qui a suivi Unica à la fin de sa vie, et avec laquelle Roberto découvre l’amour au-delà des passions. Avec toute l’insolence qui lui est propre, Kola accomplit un retour aux sources susceptible de lui révéler le sens de son destin et le foisonnement du monde. La littérature ne fait rien d’autre. »
Qu’est-ce qui fait que l’on choisit un roman : le distinguer parmi d’autres sur la table d’un libraire bien achalandé ? Connaître déjà les œuvres antérieures de son auteur, en avoir entendu parler par les critiques ? Parce que sa couverture vous a fait de l’œil et que son résumé vous donne envie ? Un peu tout cela sans doute. Ou parce qu’un ami vous l’a offert. Ce fut le cas de ce roman pour moi, aussi me suis-je donnée l’impératif de le lire jusqu’à son terme, moi qui lis si peu de romans « littéraires » !
Car l’histoire n’est pas très gaie, à vrai dire. Celle d’un couple d’écrivains chiliens venus en Europe pour diverses raisons. Unica, la mère, est atteinte de troubles bipolaires. Elle en souffre au point de mettre fin à ses jours malgré l’amour qu’elle porte à Roberto, et surtout à son fils Kola qui va sur ses sept ans. Le livre commence à ses obsèques. Il nous emmène ensuite de Barcelone et Abraxas en France, en Italie, dans l’Himalaya puis au Chili enfin, plus précisément en Patagonie. Nous suivons l’itinéraire de cet enfant, pas tout à fait comme les autres en fait, très marqué par l’histoire personnelle de ses parents, de ses grands-parents aussi. Nous entrons dans sa tête – avec ses crises fugaces d’épilepsie – et, avec lui classons tous les personnages qui attirent son attention d’un groupe d’adjectifs : échine/froid/os/trembler, ou encore vif/rousse/blanc.
La langue de l’écrivain est belle, imagée, s’enroule et se déroule comme une fleur grimpante. C’est ce qui permet d’aller jusqu’au bout. Les descriptions érotiques, nombreuses, émanent d’un point de vue féminin, humide, profond. Ce qui agace trop souvent, ce sont les multiples références littéraires jalonnant le texte : Tarkovski, Yazuki, Debord, Baudouin de Bodinat, j’en oublie. Une façon insupportable de narguer le lecteur inculte qui n’apporte rien au récit.
Une quête initiatique sur les origines familiales, les secrets d’amours flamboyantes mais inabouties, de destins piétinés, dont le héros central, le jeune Kola, parvient sans doute à s’extraire ….encore que ….
Grâce leur soit rendue, roman de Lorette Nobécourt, éditions Grasset,450 p. 21,50 €