Dans les après-midis d’été, quand le monde est endormi,
C’est un plaisir de se promener, seul, dans les rues du village.
Il suffit d’ouvrir la porte de la vieille bâtisse
Et aussitôt la terrible chaleur vous saute au visage.
Dehors, personne. Pas un bruit. Le silence.
Je descends les ruelles en pente,
Le long de vieilles maisons d’un autre âge.
Le temps, ici, s’est arrêté et rien n’a changé depuis le Moyen-âge
Ou si peu.
Le soleil brûle ma peau et je m’arrête un instant,
A l’ombre de l’église, près de la glycine centenaire.
Des monstres de pierre me fixent de leurs yeux insistants.
Diables, chimères, gorgones et coquecigrues
Semblent me reprocher de troubler leur repos.
Trois coups sonnent au clocher
Rappelant dans le silence, l’éternelle fuite du temps.
Moi je poursuis ma route, sous le ciel azuré,
Vers l’unique place, celle de toutes les Républiques.
Personne.
Pas un souffle de vent.
Rien.
Rien que la fontaine qui murmure doucement
Et dont les quatre lions crachent une eau glacée.
Je trempe ma main dans l’onde. Frisson.
A l’ombre d’un arbre, dort un chien
Qui rêve à ce qu’il fut ou ce qu’il aurait pu être.
Le temps s’est arrêté.
Le village est assoupi.
C’est le Sud, une après-midi d’été.