"Il n'y a pas de magie de la dévaluation compétitive. C'est une idée fausse pour une grande économie dont les exportations sont peu élastiques aux prix. La situation est évidemment très différente pour un pays africain qui exporte des matières premières brutes. Le modèle économique de la France ressemble à celui des États-Unis : nous exportons des capitaux et nous achetons des actifs à l'étranger. Nos multinationales produisent là où se trouvent les consommateurs plutôt que d'exporter. Une dévaluation ne changerait rien par rapport à ce modèle. En revanche, comme nous importons beaucoup, nous avons intérêt à le faire avec une monnaie forte plutôt que dévaluée.
Des conséquences catastrophiques
(…) On en a eu un exemple grandeur nature de l’impact de la sortie de l’euro avec les États baltes qui s'étaient endettés en euros et dont la monnaie s'est dévaluée en 2009. Les conséquences ont été catastrophiques. L'Estonie, par exemple, a enregistré un recul de son PIB de 19 % ! Très vite, la dette devient insupportable et les effets sont désastreux pour le système bancaire. Une banque ayant un compte d'exploitation en francs et une partie de son passif en euros serait très vite confrontée à des problèmes de refinancement et devrait être secourue par l’État. Or l’État, lui-même endetté en euros, aurait du mal à faire face", a déclaré Lionel Zinsou, président de PAI Partners, dans une interview accordée aux Échos.À l’heure où la sortie de l’euro commence à devenir à la mode, l’Institut Montaigne tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un tel événement. Pour autant, la sortie de l’euro devient possible même s’il relève encore pour le moment de « l’économie-fiction », selon les termes de Jean-Pierre Clamadieu , directeur général de Solvay. Ainsi, de nombreuses rumeurs indiquent que des banques françaises commenceraient à travailler sur les implications économiques et financières d’un tel événement. De la fiction à la réalité, il n’y a parfois qu’un pas…