Cathérine deneuve et le parfum

Publié le 14 décembre 2011 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE



Catherine Deneuve, les parfums de sa vie

L'actrice vient de préfacer "L'Art du parfum" de Frédéric Malle, aux éditions Angelika Books




Elle vient de préfacer un livre signé du grand parfumeur Frédéric Malle et lui a inspiré une fragrance, elle change de parfum pour chacun de ses rôles... Bref, l’actrice est une amatrice avertie qui parle de la magie des essences comme personne.



Il se trouve que Catherine Deneuve, qui n’a jamais tourné avec l’oncle de Frédéric (Louis Malle) mais a inspiré l’un des parfums de la collection (Iris Poudré), adore (terme qu’elle prononce avec un chic sensuel irrésistible) le travail du neveu. Elle les connaît tous, leur demande de scander les saisons et parfois d’épauler des personnages de film.

Elle change ainsi, passant d’une tubéreuse à un bonbon candy. C’est selon. La faire parler des parfums devient un plaisir. Alors qu’elle avait débuté l’entretien en grattant du talon, le reste de cette rencontre fut un enchaînement de plaisirs tactiles : le papier, l’encre, les plumes, le métro, la nuque, le cou, derrière les genoux et, bien sûr, les parfums, leurs usages, leurs pénombres...


"Je change de parfum à chaque rôle"

Madame Figaro. – Comment êtes-vous tombée nez à nez avec les Éditions de Parfums Frédéric Malle ?
Catherine Deneuve. – Jusqu’à ce je rencontre les parfums de Frédéric Malle, j’ai toujours été fidèle à l’Heure Bleue, de Guerlain. Mais lorsque j’ai lu qu’une maison éditait des personnes comme Olivia Giacobetti, j’ai suivi le sillage de cette idée, comme on le ferait de celui d’une eau de toilette. J’ai adoré cette façon de procéder. C’était merveilleux de travailler ainsi, de multiplier les entrées, d’apprendre à élargir l’arc-en-ciel des senteurs ; le gardénia. J’aime l’idée qu’un parfum devance une atmosphère, accompagne un climat, épaule un caractère. Cet échange secret, diffus, appartient à la magie de la vie, celle-là même qui nous fait se retourner dans la rue, dans son lit.
Est-il vrai que vous changez de parfum à chaque rôle ?
Presque. C’est sans doute une façon d’entrer en douceur ou en force dans des caractères. D’aller plus loin encore. Tourner un film, c’est partir dans un voyage plus ou moins immobile. Et moi, j’y vois toujours une dimension « sentie ». Dans le téléfilm sur la princesse Marie Bonaparte, j’avais choisi de porter Noir Épices, de Michel Roudnitska, avec ses traces de cannelle, girofle, noix de muscade, santal... Des passerelles se sont créées avec ce personnage si fort ; sa recherche de liberté, les audaces qu’elle avait, tout en tentant de ne rien briser au sein de sa famille. Ce qui n’était pas facile pour elle, compte tenu de son enfance cauchemardesque et de son mariage désastreux avec un homosexuel. J’aimais bien son caractère entier, direct – parfois très direct –, son langage cru, notamment sur la sexualité. Elle appelait un chat un chat. Noir Épices était le fourreau parfait pour se glisser dans ce personnage.



Et pour le film de Christophe Honoré, les Bien-Aimés ?
J’ai tout de suite associé le Lipstick Rose, de Ralph Schwieger, à cette femme coquette, son univers, les chaussures de Roger Vivier. Il y a dedans de la rose, des notes de violette, d’iris, c’est fruité et floral... Tout cela vient de chez Frédéric Malle, et je regrette qu’il ne fasse pas plus de parfums par an, sinon, je passerais ma vie avec lui.
Iris Poudré a été inspirée de Belle de Jour...
C’est ce que l’on m’a dit. Pierre Bourdon, son créateur, et Frédéric ont voulu donner à l’iris, qui n’est déjà pas un cadeau, un complément de vanille, de musc, de jasmin, tout en pensant à ce rôle de bourgeoise sensuelle introvertie.

Changez-vous de parfum l’hiver venu ?
Bien sûr, chaque saison aspire à balayer la précédente. J’aime, l’été, du musc dans les cheveux, attendre l’automne et ses ambres, le printemps avec le jasmin, le gardénia.
Offrez-vous des parfums aux hommes ?
Humm, c’est tout de même fort délicat. Cela dit, j’ose m’aventurer avec des vétivers. C’est un risque, je le cours. Mais avec un ami, tout se passe bien.
Et aux femmes ?
J’ai fait découvrir à ma fille, Chiara, les créations d’Olivia Giacobetti. Elle a tout de suite adoré Friction de Nuit, une eau de toilette délicieuse au tilleul.


source: Le Figaro Madame