La soirée ne devait pas se passer ainsi. Vincent Perrot n’était pas dans mes plans ce lundi soir. En sortant de chez moi, j’étais tombé par hasard sur le tournage de De l’autre côté du périph’, un buddy movie à la française prévu pour 2012 avec dans les rôles principaux Omar Sy et Laurent Lafitte. Les deux gaillards attendaient devant la statue de Molière que la prise commence, mais pas le temps pour moi de regarder à quoi ressemblerait cette séquence en devenir, car une avant-première de A dangerous method m’attendait aux Halles. Ce film que David Cronenberg a consacré à Jung et Freud, les deux grands psychanalystes du début du 20ème siècle. C’était ce film que j’étais venu voir lundi soir, dix jours avant sa sortie française, ce film accompagné de son réalisateur canadien et de son acteur américain Viggo Mortensen, idolâtré de par le monde depuis qu’il incarne aux yeux de beaucoup Aragorn, héros Tolkienien du Seigneur des Anneaux.
Malheureusement, ce n’est pas là la seule tare du film. Le second défaut, qui découle du premier, est que Cronenberg se trompe de sujet. Au lieu d’axer son scénario sur la relation potentiellement passionnante liant Jung à Freud, le disciple et le maître, le cinéaste se focalise plus volontiers sur celle unissant Jung et sa patiente devenue collègue incarnée donc par Knightley la criarde. Les meilleurs moments du film sont ceux qui associent Michael Fassbender dans la peau de Jung à Viggo Mortensen dans la peau Freud, l’amitié, le respect, le doute, la désillusion, la méfiance. Il y a là tout le potentiel d’une histoire d’hommes autant que de psychanalyse, une histoire s’étalant sur plus d’une décennie. Mais le scénario de s’égare, fait des pauses inutiles et surtout des sauts mal gérés. Les ellipses s’enchaînent, sans trop de sens, donnant l’impression de trous narratifs diluant tout sens de temporalité qui aurait donné au film un souffle espéré qui ne vient finalement jamais. Les années défilent à l’écran, mais cela se ressent à peine tant le récit manque de densité.