François Hollande cultive sa normalité

Publié le 13 décembre 2011 par Hmoreigne

Il y a ceux qui cherchent à crier le plus fort et il y a ceux qui préfèrent écouter.  Il y a ceux qui cultivent la peur de l’autre et ceux qui relativisent. Le duel Hollande-Sarkozy c’est avant tout deux approches stratégiques radicalement différentes. L’art de l’esquive pour le premier, la recherche du choc frontal pour le second. Un peu comme une sorte de corrida dans laquelle le taureau, concentré de force brute, gratte, fulmine et fait parfois frémir le public. Mais au final,  c’est toujours le toréador qui gagne.

Il serait bien hasardeux de promettre au candidat socialiste les oreilles et la queue du président sortant.  Le député de Corrèze rechigne à enfiler ses habits de lumière et à entrer dans l’arène.  Non par peur mais par choix. Il faut laisser l’adversaire courir à droite et à gauche, se vider lentement mais assurément de son énergie. Une fois cette phase terminée,  l’affrontement pourra alors commencer.

En attendant, contre mauvaise fortune François Hollande est condamné à faire bon cœur. La faute à un parti socialiste muée de nouveau en machine à perdre, incapable de se mettre au service de son candidat pour le faire gagner. Ou pire, partagé sur l’intérêt d’une arrivée au pouvoir en période crise avec le risque de sortir du mandat complétement essoré.

L’emprise sur les collectivités territoriales est un poison doux et lent qui a perverti  Solferino.  L’addiction au confort des exécutifs locaux, contrepartie d’une  décentralisation pensée sans règle salutaire de limitation des cumuls de mandat dans le temps, mine un PS qui a renoué avec les vieux fantômes de la SFIO.

François Hollande ne pourra vraiment compter que sur lui-même et son équipe de campagne. A la théorie de l’homme d’exception qui surgit de la nuit au plus fort de la crise, le corrézien oppose le visage d’un radical-socialiste bon teint, les deux pieds ancrés dans le terroir qui promet de gérer la France en bon père de famille.  En bon président de conseil Général proche des gens, garant des institutions et de l'équité à défaut de l'égalité.

Au nom de ce bon sens rural, François Hollande rejette la solution "Merkozyste" à la crise européenne qui consiste en l’adoption d’un nouveau traité. Cet accord n’est pas la bonne réponse estime-t-il. Ni à l’urgence ni à l’avenir de l’Europe. Instaurer l’austérité, imposer une ceinture de chasteté budgétaire, ne constitue pas à ses yeux un projet. Car sans croissance, les objectifs de réduction des déficits sont inatteignables.

Paradoxe de la situation Sarkozy fait mine de croire en son étoile malgré des sondages désespérément bas alors que François Hollande et son camp dégagent un sentiment de doute en totale contradiction avec des intentions de vote très élevées.  La bataille des présidentielles est aussi une guerre psychologique. Un poker où le bluff et la méthode Coué comptent. A cet égard, le candidat Hollande doit faire main basse sur le mot d’Henri IV cher au béarnais Bayrou : "Ce qui doit arriver ne peut pas nous manquer".

Sur le papier, la présidentielle de 2012 est imperdable pour la gauche. C’est désormais une envie de gagner qui doit voir le jour. Avec la fin dès les premiers jours de 2012 de la procrastination programmatique du candidat Hollande. Car si les Français aspirent aujourd’hui à retrouver un président qui rassemble, ils attendent du candidat à la magistrature suprême que son bras ne tremble pas au moment fatidique. Que sous le masque souriant existe une volonté et une autorité. Une main de fer sous un gant de velours susceptible de protéger le pays contre ses vieux démons et de terrasser dans quelques mois le dragon sarkozyste. Un héros ordinaire somme toute.