Première étape de notre marathon : le pilote, évidemment. Outre le fait que c'est le lancement d'un défi de 56 épisodes, c'est évidemment, pour la pilotovore que je suis, un passage déterminant de notre périple.
Si vous avez envie de rejoindre notre marathon, il est d'ailleurs encore temps de vous y mettre et, comme Whisper qui est SBF (sans blog fixe), de commenter les posts de la rubrique Plus on est de fous au fur et à mesure de leur publication, pour participer à notre voyage au bout de l'Enfer. Ce sera sans doute moins douloureux si on emprunte le chemin à plusieurs et au même rythme !
Oz. On a beau avoir déjà vu des épisodes de la série (un bon paquet dans mon cas, à vrai dire, mais hélas pas tous, pas encore), on a beau connaître la "légende", l'aura incroyable qui entoure la série, on a beau avoir conservé le souvenir de son excellence... on oublie à quel point la série est incroyable tout de même.
Je me souvenais de ce pilote, que j'ai déjà vu une demi-douzaine de fois, certes pas depuis deux ou peut-être trois ans mais tout de même, et pourtant je l'ai redécouvert dans le cadre de notre marathon, et ça a été une claque.
Je ressors de ce visionnage avec une sensation d'étouffement que j'avais oubliée, au point que pour un peu j'aurais envie de me recroqueviller dans un coin de la pièce et me balancer lentement en attendant que ça passe. Parce qu'outre l'excellence, certaine, dés ce premier épisode, de la série, je me réhabitue lentement à son ambiance, à respirer l'air vicié qui tourne en circuit fermé dans ses cellules, et j'avais oublié la sensation qui en résulte.
En 53 minutes, le pilote d'Oz vous rappelle ce qu'est l'humilité. Parce que l'écriture est intense, et couvre en une heure à peine une variété incroyable non seulement de personnages mais aussi de situations, et donc autant de thèmes. Parce que la musique, ou plutôt l'accompagnement sonore, avec ces cuivres qui s'étranglent et ce râle étouffé, sortent totalement des sentiers battus. Parce que les performances sont instantanément pétrifiantes. Comment j'ai pu ressortir indemne de mes visionnages précédents de la série, au point de serrer les mâchoires et les poings comme aujourd'hui ?
Le pilote n'est pourtant pas exempt de défauts, comme tous les pilotes, et même celui d'Oz ne pouvait faire exception : certains passages semblent presque chorégraphiés tant ils manquent de naturel, par exemple, et à l'occasion, un dialogue ou deux a l'air un peu artificiel. Cela donne un aspect parfois irréel à l'épisode, presque comme dans un comic book. Mais globalement, tous les ingrédients sont présents pour réjouir le téléphage exigeant ; après tout, on peut parvenir à l'excellence sans atteindre la perfection.
La structure des épisodes d'Oz m'a toujours fascinée. Ca va paraitre ridicule, mais elle m'a toujours rappelé celle des Simpsons : on part de quelque chose, un sujet, un personnage, on pense qu'on va explorer ce sujet ou ce personnage pendant l'épisode, mais non. C'était une sorte de prétexte introductif, le reste n'aura rien à voir, va partir dans quelque chose de totalement différent. Avec l'arrivée de Beecher à Em City et ses premiers malheurs, on pouvait penser que le pilote reprendrait la construction si familière de tant de pilotes qui insèrent un nouveau personnage pour aider le spectateur à se plonger dans l'univers nouveau de la série. Oz donne un temps dans ce registre ; un temps seulement, et abandonne rapidement Tobias Beecher pour Dino Ortolani. Et d'un personnage qui tente d'échapper à sa perte de liberté, on passe à un autre qui tente d'échapper à sa perte d'humanité. Les deux échouent, sans vouloir vous spoiler...
C'est une plongée bien plus cruelle que ne l'aurait été celle, plus introductive et donc plus soft, de Beecher, si elle avait duré une heure.
En fait j'avais oublié à quel point, derrière les textes solides et les idées incroyables, Oz pouvait aussi être un drama éreintant. On vous dit que c'est une excellente série, et vous le savez, mais quand vous revoyez les épisodes, vous avez beau les connaître par coeur, vous trinquez quand même pas mal.
A présent ils sont tous là, au garde à vous, attendant de surgir dans les épisodes : Beecher, Schillinger, Saïd, Adebisi, O'Reily, McManus, Sister Pete et tous les autres. "Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire", pourrait déclamer le coryphée Augustus Hill dans sa boîte, comme au début d'une tragédie grecque.
J'ai hâte, et j'ai peur. Ce ne sera pas un marathon de tout repos... mais il promet d'être passionnant.
Arf, Oz fait partie de mes regrets. J'ai commencé à la regarder et j'aimais beaucoup mais c'est trop éprouvant pour moi, j'ai préféré arrêté.
Je t'envie un peu mais je ne me sens toujours pas la force. Peut-être un jour, avec quelqu'un pour compagnie... En attendant, bon visionnage et courage, je suis sûr que ça en vaut la peine.