Le pilote Lotus Renault Vitaly Petrov a fait part de toute sa frustration à l’égard de son équipe dans une interview accordée à la télévision russe, ce qui pourrait bien remettre sa place en question en F1 pour l'année prochaine. Il est vrai que Petrov a très rarement critiqué son écurie en public depuis son arrivée à Enstone l’an dernier mais il a cette fois-ci copieusement taclé l’équipe d’Éric Boullier, confiant que son contrat l’empêchait de dire du mal de son écurie mais qu’il ne pouvait plus se retenir.
Le russe déplore notamment le manque de progrès réalisés en cours de saison quand Lotus Renault modernisait sa soufflerie et interrompait le développement de la R31, après un début de campagne 2011 pourtant réussi où il était même monté sur le podium en Australie, d'où sa frustration de sa fin de saison décevante (son seul podium lui ayant en fait apporté les 40% de ses points marqués jusqu'à présent cette saison). Petrov a également été critique envers les choix stratégiques dictés par l’écurie qui, selon lui, leur ont fait perdre de nombreux points au championnat.
"Je ne peux plus rester silencieux, ça suffit de tout garder pour moi !" a déclaré Petrov dans son interview. "Le management de l’écurie a critiqué les pilotes cette saison, alors que moi je n’ai pas dit un mot de travers sur l’équipe. Sur les cinq - six premiers Grands Prix, nous étions performants et accéder à la dernière partie des qualifications était facile. Pas de quoi menacer Red Bull, McLaren et Ferrari sur la durée de la saison mais nous n’étions pas loin de Ferrari et bien plus rapides que Mercedes. Seulement, au fil des semaines, toutes les nouvelles pièces se sont montrées inefficaces. Pendant une dizaine de courses, la voiture n’avait quasiment rien de nouveau. En fait, nous pilotions la voiture que nous avions en début de saison sans développement nouveau, et nous étions évidemment les seuls dans cette situation face aux autres monoplaces."
"Malheureusement, je ne peux rien dire de mal sur l’équipe, c’est inscrit dans mon contrat. Il vous suffit de lire mes interviews, je ne critique jamais une écurie qui a pourtant gâché de nombreuses opportunités." a-t-il ensuite lancé. "Il y avait pourtant des points à prendre avec cette voiture, mais combien en avons-nous perdu sur de mauvaises stratégies et des arrêts aux stands ratés ?"
Petrov a relativisé cette situation, regardant à la F1 en général, qui est à présent devenue une véritable affaire de business. Il a fait remarquer, comme beaucoup d'autres pilotes, que les baquets valaient de l'or à présent, mais ne s'est cependant pas inquiété de sa place, ayant un contrat avec Lotus Renault pour 2012. "C’est la Formule 1, donc c’est aussi du business ! Regardez la file d’attente qu’il y a chez Williams en ce moment : c’est comme s’il y avait une vingtaine de pilotes qui voulaient occuper le dernier baquet ! Dieu merci que je n’en fais pas partie, j’ai un contrat pour l’année prochaine. Mais on ne peut jamais être sûr de rien, même le champion du monde Kimi Räikkönen a été prié de partir de chez Ferrari en échange d’une certaine somme d’argent en 2009. Tout est possible dans ce monde, il est difficile de leur faire face s’ils veulent vraiment vous remplacer." a ajouté Petrov, qui aura peut-être justement de quoi se ronger les ongles après ses propos ! Lotus Renault est en effet une écurie très convoitée pour l'année prochaine et cette interview pourrait bien fragiliser le contrat que Petrov tend pourtant dans sa main.