J'étais invité hier, lundi 12 décembre, à une première édition d'une émission intitulée "Le parlement breton" à laquelle étaient invités aussi Yves Pelle, le président du Parti breton, Jean-Pierre Le Mat, initiateur de Breizh Impacte et aussi Jean-François Le Bihan, le nouveau président de Bretagne réunie. Pourquoi Fabien Lécuyer m'a-t-il choisi? Honnêtement, je n'en sais rien. Le petit jeune en face de l'adjoint au maire d'Erquy. C'est flatteur bien sûr, mais est-ce une bonne chose pour l'UDB? Bref...
Première impression: j'ai beau aimé la radio, j'ai une nouvelle fois confirmé que l'oral n'était pas mon truc, qu'exprimer une idée complexe simplement n'était pas dans mes cordes (vocales) alors que l'écrit me laisse plus de facilité pour le faire. En me réécoutant, je me demande même si les interlocuteurs arrivent à me suivre. Faut dire aussi qu'il devient difficile, dans le contexte actuel, de ne pas être contestataire. En gros, être contre est bien plus facile qu'être pour et proposer. Quand en plus, on aborde le sujet merdique de Notre-Dame-des-Landes, ça devient coton!
Un petit aperçu des sujets et de ce que j'en ai dit.
Réunification et projet de collectivité unique
Selon moi, tout, en politique, est possible. La réunification aussi. Actuellement, les dispositions de la loi donne un droit de veto à la Région des Pays de la Loire. J'ai essayé, lors de ce débat, d'être le plus honnête possible pour ne pas rester sur les convenances ("70% des gens sont pour", "Salop de Pétain"...). La réalité, c'est que l'immense majorité des bretons s'en fout, que la réunification n'est pas jugée prioritaire et que l'UDB est LE parti qui permet de ne pas oublier le sujet, notamment au Conseil régional. Pour le Peuple breton, la stratégie est claire: établir une réunification par le fait, autrement dit n'utiliser que des chiffres à 5 départements. Pour ça, il faut bosser!
On entend souvent dire que les habitants de Loire-Atlantique ne se sentent pas bretons! "Oui, et alors?" ai-je envie de dire? Se sentent-ils ligériens pour autant? Qui croit sérieusement que tous les habitants des 4 autres départements se sentent bretons? On voit de plus en plus de gens, jeunes notamment, agitez frénétiquement le gwen-ha-du comme si c'était l'emblème du conseil régional et tomber des nues quand on leur explique que le drapeau a une signification, qu'il intègre la Loire-Atlantique (j'ai des anecdotes très drôles à ce sujet). Et oui, en face du militantisme: le catéchisme, l'administration!
Jean-Pierre Le Mat évoquait la fracture est-ouest. C'est un fait indéniable selon moi, mais qui est principalement due à la centralisation française. Comme le dit
si bien Michel François, "Nantes-Rennes n'est pas un mur, c'est une passoire"! Et migre la jeunesse diplômée! Pour le reste, j'estime que tout est question de choix politiques. Quand le Conseil
régional a proposé la mise en place de Foncier de Bretagne à Rennes, l'UDB a demandé qu'il soit implanté ailleurs (à Pontivy dans mon souvenir). ça n'a pas été accepté. Quand la Chambre Régional
de Commerce et d'Industrie de Bretagne a été implantée à Rennes, nous demandions son implantation à Brest (voir ici). Bref, le rééquilibre de la Bretagne est tout à fait
possible. Encore faut-il le vouloir et agir en conséquence!
A ce propos, les Jeunes de l'UDB seront présent le 15 décembre prochain, devant l'hôtel Courcy à Rennes où se tiendra la prochaine session plénière du Conseil régional de Bretagne. Ils ont en effet signé un appel du collectif 44 = Breizh demandant une collectivité unique en Bretagne (voir ici).
Le phénomène "volet clos"
Chaque hiver, c'est le même topo. Les résidences secondaires se vident et certains coins de Bretagne se désertifient. Fabien Lécuyer évoquait Damgan, mais c'est le cas plus généralement pour tous les coins ultra-touristiques (côte de granit rose, Golfe du Morbihan, la presqu'île guérandaise aussi...). Que faire face à ce phénomène?
Pour le coup, j'ai trouvé les réponses des intervenants assez faiblardes. Fabien Lécuyer - en apparté avant d'arriver - me disait que les partis bretons auraient tout à gagner à s'emparer de ces sujets. Et je suis d'accord avec lui. La discussion a débordé sur le tourisme, mais j'estime que c'est hors sujet. Il ne s'agit pas simplement de tourisme, mais de capitalisme. A l'heure où certains peuvent acheter une maison comme une baguette de pain quand d'autres peinent à se loger, ce n'est pas simplement une question de tourisme. Et là, il y a une nette différence entre la droite et la gauche.
Yves Pelle (homme tout à fait charmant soi-dit en passant) est resté à mon avis à la surface du sujet quand il parle des retraités et des jeunes. Pour moi, ce n'est pas une question retraités-jeunes, mais riches-pauvres. Quelqu'un qui touche une retraite de 700€ a autant de mal à se loger qu'un jeune au chômage! Certes, la fiscalité est importante et je l'ai évoqué aussi, mais croire que cela suffira, c'est faux. Les gens riches payeront.
C'est donc plus une volonté politique et des moyens financiers pour les communes qui manquent ici. Car c'est bien à l'échelon communal que tout ceci pourra bouger. Dégonfler la bulle immobilière suppose de rénover le bâti abandonné, d'imaginer de nouvelle façon d'habiter les territoires, d'arrêter la fuite en avant et les constructions à n'en plus finir (les cages à poules), de réserver certains logements aux primo-accédants... Bien plus que "il faut"!
Voilà pourquoi je m'exprime mal aussi: je réponds aux questions techniquement alors que d'autres parlent généralement. Sauf que le général n'a jamais réglé une
situation. Le général, c'est pour le contexte! Quand on veut réussir, il faut mettre les mains dans le cambouis et proposer des pistes d'action. Après, on en débat et on analyse ce qu'il convient
de faire.
Ce qui m'emmène au troisième sujet: Notre-Dame-des-Landes.
Quel sujet de merde! Déjà, chez nous, c'est la pagaille. Certains sont pour (c'est mon cas), d'autres sont contre. Comment voulez-vous que je sois consensuel? La première des choses que j'ai dite, c'est que faire de la question de NDDL un combat de la même portée que celui de Plogoff, c'était de l'arnaque intellectuelle. Une centrale nucléaire, je suis contre par principe (dangereux, opaque, coûteux...), un aéroport non. Que l'aéroport soit un épouvantail à écologiste, grand bien leur fasse, ce n'est pas mon cas. Le transport aérien représente 3% des gaz à effets de serre et j'aimerais que nous soyons aussi virulents pour dénoncer la voiture ou les logements ou l'énergie...
Ensuite, j'ai réaffirmé que la priorité, c'était de penser un schéma aéroportuaire breton et de supprimer certains aéroports (j'ai cité St Brieuc, mais on pourrait
parler de Quimper, de Lannion...). Fabien Lécuyer m'a gentiment taclé en disant qu'on ne faisait pas un aéroport pour Gael Briand. Mais il suffit de se rendre à l'aéroport de Nantes pour se
rendre compte que je ne suis pas tout seul, que c'est un moyen de transport banalisé pour beaucoup de citoyens et notamment des chefs d'entreprise. Une fois cela dit, j'ai toujours dit que
j'étais contre les lignes internes (Quimper-Paris, Brest-Paris, Rennes-Paris, Nantes-Paris, Lorient-Paris...).
Cela dit, certains trucs m'exaspèrent. Dire que la population est contre par exemple! Etrange tout de même car lors des élections, cela ne s'est pas senti! Je ne
dis pas que c'est faux, je dis simplement que ce n'est pas parce qu'un lobby est contre que la population est contre. 10000 personnes dans la rue à Nantes pour la réunification, mais 2/3 des
nantais qui n'ont pas de position sur le sujet! A ce jour, aucun référendum n'a prouvé que la population était contre.Je m'étonne donc, si l'opposition est si forte, pourquoi Jean-Marc Ayrault
est réélu dans un fauteuil?
Deuxième idée insupportable, c'est cette opposition entre le TGV et NDDL. Yves Pelle rappelait qu'il préférait un TGV Rennes-Nantes que l'aéroport NDDL. J'ai envie de dire "quel rapport?" C'est l'un ou l'autre? Depuis quand? Dès lors qu'un projet est important en Bretagne, on s'y oppose? Dans ce cas, je ne donne pas cher de l'idée d'autonomie... Puisque sans infrastructures en Bretagne, sans activité économique importante, on justifie la centralisation! Tout est fait comme s'il y avait une taille critique. Tout doit être petit en Bretagne. Ne peut-on pas faire du cas par cas? Mesurer sérieusement les impacts et les bénéfices du territoire? Non, il faut dire "non"! Et bien, désolé, mais j'ai passé l'âge d'être contestataire et même si je dois me faire engueuler!
Quoi qu'il en soit et malgré mes difficultés à l'oral, merci à Radio Bro Gwened et à Fabien Lécuyer. C'était une soirée sympa et ça fait du bien de parler politique sur des sujets bretons, aussi casse-gueule soient-ils.