Dans ses ateliers, Douglas Harding utilisait très souvent l'expression "rentrer à la maison" "coming home". L'éveil à sa vraie nature peut se comparer en effet à un retour chez soi.
Pouquoi s'agit-il de "rentrer chez soi"?
Parce que nous nous sommes perdus dans les images extérieures, dans les apparences de nous-mêmes; nous vivons décentrés, excentrés.
L'éveil consiste à revenir au centre de soi-même pour voir le monde à partir de qui nous sommes vraiment et non plus à partir de ce que nous pensons être.
Mais c'est un voyage paradoxal, parce qu'en réalité nous n'avons jamais quitté notre vraie nature ; nous n'avons jamais cessé d'être nous-mêmes ; nous nous sommes égarés seulement en imagination ; nous avons été distraits.
Il n'y a rien de nouveau à acquérir ; il n' y a rien à atteindre ; il suffit juste d'ouvrir les yeux à la réalité. Il s'agit d'une reconnaissance.
Le thème du retour chez soi est fréquent dans la littérature spirituelle.
Chez Plotin :
"Reviens en toi-même et regarde : aie confiance en toi ; même en restant ici, tu as monté ; et tu n'as pas plus besoin de guide ; fixe ton regard et vois."
Dans le Hsin-Hsin Ming de T'sen T'sang (Bouddhisme T'Chan), on lit :
"Lorsque les dix mille choses sont envisagées dans leur unité nous retournons à l'origine et restons ce que nous sommes"
Dans les Evangiles (avec un langage dualiste), Luc nous conte l'histoire du fils prodigue qui, après avoir quitté la maison de son père, y revient plus tard :
"11 Il dit encore: «Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune dit à son père: "Père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir". Et le père leur partagea son avoir. 13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé, partit pour un pays lointain et il y dilapida son bien dans une vie de désordre. 14 Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans l'indigence. 15 Il alla se mettre au service d'un des citoyens de ce pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. 16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. 17 Rentrant alors en lui-même, il se dit: "Combien d'ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de faim"! 18 Je vais aller vers mon père et je lui dirai: "Père, j'ai péché envers le ciel et contre toi. 19 Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers". 20 Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié: il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 21 Le fils lui dit: "Père, j'ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils" 22 Mais le père dit à ses serviteurs: "Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le; mettez-lui un anneau au doigt, des sandales aux pieds. 23 Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé". Et ils se mirent à festoyer."
Quand on "rentre chez soi", quand on remonte à l'origine de soi-même et de toutes choses, c'est une fête!