Abstraction faite de son jeune âge et de sa maturité vocale précoce, on a ici affaire à un vrai disque de pop hybride aux accents ambient et jazzy. La voix d’Archy Marshall, suave et envoûtante, surplombe une instrumentation éthérée et minimaliste : guitare nimbée de reverb, basse profonde, batterie lo-fi à la frappe légère. Son chant (plutôt du parler-chanter) à un timbre mélancolique particulier qui prend de la consistance lors de ses accès de violence, sans jamais succomber à un excès d'émotions. Loin d’être omniprésent, le chant sait se faire discret sur "Bleak Bake", laissant la place à des textures vaporeuses. Il est même absent sur l’introductif "36N63" et ses lignes de contrebasse.
"The Noose of Jah City", en guise de final est sans conteste le sommet de cet EP. Il semble télescoper toutes les (bonnes) inspirations d’Archy Marshall pour en former un morceau plus abouti. Parmi les échos de guitare et le chant écorché qui ne cesse dévoiler une certaine anxiété juvénile, on entrevoit la naissance d’un style singulier qui ne demande qu'a se développer. King Krule pourrait bien devenir un de ces songwriters à l’univers inspiré et intimiste comme le sont Bradford Cox et Kurt Vile. L’avenir nous en dira plus.
En bref : nouvelle coqueluche anglaise, adulé par Pitchfork et NME, King Krule semble couver un grand talent du haut de son jeune âge. Profitons-en avant qu’il ne soit happé par la hype.
Site officiel, bandcamp, site du label True Panther
"The Noose of Jah City" :
"Lead Existence" :