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Ecologie du candidat à la présidentielle

Publié le 13 décembre 2011 par Variae

C’est un phénomène cyclique, observé avec une belle constance. Après quelques années d’hibernation, homo candidatus donne des signes d’activité allant crescendo, jusqu’au réveil en tant que tel. Pendant longtemps, le cycle durait 7 ans, mais on constate depuis peu une accélération et une réduction de la période d’hibernation à 5 ans, effet sans doute du réchauffement climatique.

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Une région où homo candidatus est très présent

Homo candidatus est un mammifère de taille moyenne, à poils gris ou blancs, majoritairement mâle (la faible proportion de femelles reste un mystère non élucidé : certains ont émis l’hypothèse qu’elles sont éliminées au stade larvaire par les individus mâles, avant d’arriver à maturation), majoritairement bipède même si l’usage d’une canne ou d’un fauteuil roulant n’est pas sans exemples. Entre deux phases d’activité, on remarque des attitudes variables, oscillant entre le repli dans son terrier (fréquent chez l’homo candidatus bayroutus) et des phases de parade dites médiatique. Mais c’est incontestablement en fin de cycle de 5 ans – en phase dite électorale – que les parades deviennent plus fréquentes, jusqu’à constituer le comportement quotidien de l’animal.

Ces parades électorales sont le prélude à l’affrontement avec les autres représentants d’homo candidatus, dans des joutes violentes où il s’agit d’impressionner ses adversaires mais aussi de s’imposer comme animal dominant de l’écosystème. La phase électorale comprend quelques séquences immuables. D’abord la déclaration, durant laquelle il s’adresse solennellement à la faune environnante, par une série de barrissements dignes et majestueux. Ensuite, la collecte des signatures, où homo candidatus va faire le tour des autres animaux pour qu’ils lui laissent une marque odorante d’approbation. Si l’odeur n’est pas assez forte, homo candidatus sera contraint, sous la pression collective, à rejoindre son terrier. Parallèlement, homo candidatus essaie de pousser à l’abandon ses congénères, en alternant feulements complices et grognements agressifs. Il bénéficie pour cela de l’aide d’un mammifère de plus petite taille, homo homonculus sicarius (ou porte-flingue en langue vulgaire), qui l’accompagne toujours en une petite meute bruyante, permettant de signifier aux autres animaux le statut et l’importance d’homo candidatus.

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Spécimen femelle d'homo homonculus sicarius

Le rôle d’homo homonculus sicarius est simple : effrayer, par ses piaillements aigus et ses coups de becs répétés, les ennemis d’homo candidatus, et permettre une première sélection naturelle. En effet, certains spécimens d’homo candidatus (homo candidatus morinus, dits spécimen avorté) n’envisagent jamais vraiment d’aller jusqu’au bout de la phase électorale. Leur agitation est une façon d’attirer l’attention des spécimens plus forts (homo candidatus rex), pour pouvoir – peut-être – avoir le droit, ultérieurement, de servir dans sa meute en tant qu’homo sicarius magnus (ou « ministrable » en langue familière).

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Deux spécimens d'homo candidatus rex se montrent les crocs

Parfois, l’explication est encore plus crue, à tous les sens du terme. Homo candidatus rex peut dans certains cas avoir des pulsions cannibales, et s’acharner à dévorer ses congénères plus petits, ou qui lui ont témoigné de l’hostilité. Ce processus appelé villepinisation conduit la malheureuse victime, pour se défendre, à simuler la même force qu’homo candidatus rex, en se lançant dans une parade d’intimidation durant laquelle elle hérisse son poil et rugit de toutes ses forces. Cette parade ne vise pas vraiment à engager la phase électorale, mais à signifier au candidat prédateur qu’il perdra inutilement des forces et du temps s’il persiste à vouloir cannibaliser son petit congénère. La plupart des animaux ne sont pas dupes de la manœuvre, mais elle suffit en général à sauver la mise de celui qui la met en œuvre.

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Préparation à la parade d'intimidation

Quelques éthologues ont cru bon de rapprocher cet instinct de survie de la pratique humaine du chantage : ce ne sont là que balivernes psychologisantes, que l’amateur sérieux d’observation animalière balaiera sans tarder de son esprit.

Romain Pigenel


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