Bien le coucou, les zoulous
L’autre jour, mèzigue préparait une béchamel dans la mini cuisine du copain Bernard. Lequel était fort occupé à grattouiller sur sa guitare dans le salon. Soudain, un ustensile majeur vint à manquer. Rivé aux fourneaux, on lui hurla à travers la cloison: «Bernard, t’as un fouet?». «Oui, sous mon lit, à côté des menottes», répondit-il, avec sa malice légendaire. Sacré Bernard. Toujours le mot pour rire.
La boutade (si cela en était une), nous donna à penser que la thématique de la cuisine SM demeurait un terrain largement inexploré. Il y a pourtant une vraie forme de masochisme culinaire chez certains de nos contemporains, les esclaves du micro-ondes par exemple. Ah, les vicelards! Et un vrai sadisme – enfin, pensait-on étant enfant – chez les gens qui cuisinent du chou rouge à leurs proches. On a, depuis nos jeunes années, changé d’avis sur ledit chou rouge, végétal au look impérial et à la saveur tellurique, qui mériterait une niche au panthéon des légumes d’hiver.
Tiens, voilà justement (quel hasard incroyable!) une mirobolante poêlée de chou rouge aux pommes, à la coriandre et aux raisins de Corinthe. Nickel avec le gibier ou avec le canard, voire avec ta concierge.
En garniture, pour quatre gosiers à table...
Réhydratez quelques (disons 22) raisins de Corinthe dans un verre d’eau additionnée d’un trait de vinaigre. Ciselez grossièrement quatre brins de coriandre. Tchik, tchik, tchik.
Virez les feuilles extérieures d’un petit chou rouge. Emincez le reste en fines virgules. Dans un poêlon, faites fondre une échalote hachée ou deux dans une bonne noisette de beurre. Ajoutez le chou, laissez-le se tasser gentiment. Assaisonnez. Puis ajoutez trois doigts de vinaigre de cidre et deux décis d’eau. Couvrez. Laissez mitonner vingt minutes à feu pépère. Rectifiez le niveau d’eau, s’il le faut.
Pendant ce temps, taillez une pomme en mini cubes. Au bout de 20 minutes donc, ajoutez dans la poêle, pour dix minutes supplémentaires, raisins et dés de pomme. Coiffez enfin de pluches coriandre. Et servez, simplement vêtu d’un bustier de latex.
Bien à vous, mein choux
PS. Certains s'agaceront légitimement de l'iconographie maniérée et monomaniaque de ce billet. Désolé. Le Dr Slurp s'essaie à l'art conceptuel. Et ce n'est visiblement pas gagné.