Depuis une semaine, un spectre hante le monde de la finance, celui de Jérôme Kerviel, ce jeune courtier de trente-et-un ans qui, à lui seul, a bien failli mettre à bas le capitalisme mondial. Parvenu à déjouer les systèmes de contrôle de la Société Générale, il s'est fait coincer au moment où il était presque parvenu à provoquer sur les marchés financiers un mouvement de panique tel que l'existence même du capitalisme s'en est trouvée menacée. Depuis sa mise en garde à vue à la Brigade financière de Paris, notre camarade Jérôme Kerviel a été voué aux gémonies de la presse et de l'opinion, décrit comme un un escroc génial mais désintéressé. Mais qui connait vraiment Jérôme Kerviel?C'est à Pont-l'Abbé, petite commune du pays bigoudin, où légendes et mythes celtes continuent de meubler les soirées, que Jérôme Kerviel a grandi auprès de son père, forgeron et militant anarchiste, et de sa mère, coiffeuse et passionnée de mots croisés. Précoce, il laisse auprès de ses voisins le souvenir d'un enfant intelligent mais agité se livrant à de menus larcins chez les petits commerçants de son quartier. D'après l'ancienne épicière du village, interrogée depuis quelques jours par les journalistes, le petit Jérome, surnommé également le "petit anar bigoudin", aurait à l'époque dévalisé un stock si important de confiseries qu'il aurait provoqué la faillitte d'une des dernières épiceries de cette petite ville durement frappée par le chômage et le déclin de la pêche. Son frère, d'après des sources locales qui restent à corroborer, vivrait depuis plusieurs années au Népal, où il aurait animé dans le nord du pays un des foyers les plus importants de la rébellion maoïste.Animé d'un sentiment profond de révolte, ce petit-fils de militant communiste ne se lasse pas des histoires que lui raconte son père au sujet d'un de ses ancêtres communard, déporté en Algérie. A dix-huit ans, alors que Chirac vient d'être élu président de la République, Jérôme décide de s'envoler pour le Mexique où il rejoint le sous-commandant Marcos à la tête depuis un an d'une insurrection zapatiste dans les régions reculées du Chiapas. Entre deux opérations contre les forces réactionnaires de l'Etat mexicain, il lit beaucoup; Marx, Engels, Lénine, Gramsci deviennent ses compagnons de route. Revenu en France, il milite radicalement pour un renversement immédiat du capitalisme. Sceptique quant à l'efficacité du marxisme-léninisme, il se persuade que le renversement du capitalisme ne peut venir que d'un événement brutal et soudain, d'un "accouchement douloureux" qui exige néanmoins l'intervention d'un petit groupe de révolutionnaires déterminés. Il rompt alors avec les formes collectives d'organisation révolutionnaire pour s'orienter vers des actions individuelles de grande ampleur destinées à précipiter la chute du capitalisme. Fondateur en 1999 de l'Organisation Révolutionnaire de la Volonté des Peuples, il entreprend des études d'économie en vue de travailler dans la finance et décroche un DESS de sciences économiques à l’université de Quimper avant d'obtenir en 2000 un master en finances de marchés avec mention « assez bien ». Il entre ensuite comme courtier à la Société générale, deuxième banque française, avec la ferme intention d'en découdre avec le système capitaliste. Afin de ne pas éveiller les soupçons, il se présente aux élections municipales de 2001 en dernière position sur la liste UMP de sa ville natale et emménage dans un modeste appartement de Neuily-sur-Seine où il bénéficie d'un poste idéal d'observation des agissements de la bourgeoisie financière.Sans partager intégralement le mode d'action privilégiée par Jérôme Kerviel, Agit Log tient à afficher sa solidarité avec ce militant courageux et déterminé et invite ses lecteurs à lui transmettre leurs amitiés révolutionnaires ou tout simplement leur soutien. Pour le renversement du capitalisme, Kerviel que pourra !Dernière minute : d'après l'AFP, l'Organisation Révolutionnaire de la Volonté des Peuples vient de publier un communiqué dans lequel elle revendique l'attentat commis par l'un de ses membres contre le capitalisme mondial.