Vénus Khoury-Ghata a publié récemment Où vont les arbres ? au Mercure de France et elle vient d’obtenir le prix Goncourt de la poésie
Mauvais augure trois parapluies noirs qui se suivent
Les poteaux ont des phobies grosses comme cailles de septembre
L’isolement en pleine campagne leur pèse quand les chemins raccourcissent
Perdre de vue l’homme qui peinait à franchir la colline les renvoie à la ligne durcie de leur ombre sur la prairie
Un leurre le cavalier chevauché par sa monture
Manque de discernement aveuglement lorsqu’ils confondent lucioles et flocons de neige dans une lampe
Les maisons qui s’ouvrent par le toit sont des tombes
Gris noirs du sel de la terre
Leur foi inébranlable dans les nuages les a initiés à leur langue
Ils notent leurs mouvements mains collées aux hanches
Tant d’irrespect de la part du vent qui arrache des mottes de terre à leur pieds pour les faire culbuter
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Maison plus basse que cimetière de novembre
les stèles devenues perchoirs pour moineaux
Le vieillard qui bine son rosier accroche sa vie à sa ceinture pour ne pas l’égarer
Il creuse profond pour mieux s’ancrer dans le sol
Ce qu’il prenait pour ses enfants étaient des sauterelles
et pour épouse la terre pulpeuse qui s’ouvrait sous ses ahanements
les passants aperçus à travers la clôture ressemblent à des jouets
Ils voient le sécateur la bêche mais pas l’homme
le jour finissant ajoute une pousse sur son épaule
Une année de plus et il deviendra arborescent
Vénus Khoury-Ghata, Où vont les arbres ?, Mercure de France, 2011, pp. 40 et 46.
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