Vénus Khoury-Ghata (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

Vénus Khoury-Ghata a publié récemment Où vont les arbres ? au Mercure de France et elle vient d’obtenir le prix Goncourt de la poésie 
 
 
Mauvais augure trois parapluies noirs qui se suivent 
Les poteaux ont des phobies grosses comme cailles de septembre 
L’isolement en pleine campagne leur pèse quand les chemins raccourcissent 
Perdre de vue l’homme qui peinait à franchir la colline les renvoie à la ligne durcie de leur ombre sur la prairie 
Un leurre le cavalier chevauché par sa monture 
Manque de discernement aveuglement lorsqu’ils confondent lucioles et flocons de neige dans une lampe 
Les maisons qui s’ouvrent par le toit sont des tombes 
Gris noirs du sel de la terre 
Leur foi inébranlable dans les nuages les a initiés à leur langue 
Ils notent leurs mouvements mains collées aux hanches 
Tant d’irrespect de la part du vent qui arrache des mottes de terre à leur pieds pour les faire culbuter 
 
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Maison plus basse que cimetière de novembre 
les stèles devenues perchoirs pour moineaux 
Le vieillard qui bine son rosier accroche sa vie à sa ceinture pour ne pas l’égarer 
Il creuse profond pour mieux s’ancrer dans le sol 
Ce qu’il prenait pour ses enfants étaient des sauterelles 
et pour épouse la terre pulpeuse qui s’ouvrait sous ses ahanements 
 
les passants aperçus à travers la clôture ressemblent à des jouets 
Ils voient le sécateur la bêche mais pas l’homme 
le jour finissant ajoute une pousse sur son épaule 
Une année de plus et il deviendra arborescent 
 
Vénus Khoury-Ghata, Où vont les arbres ?, Mercure de France, 2011, pp. 40 et 46. 
 
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