Vie et trépas de la reine Arégonde ...
Publié le 13 décembre 2011 par Mpbernet
Au cours du IVème siècle après Jésus-Christ, le culte catholique était toléré dans l'empire romain. Un grand mausolée fut construit sur l'emplacement où fut inhumé Saint Denis après son martyre vers 250, transformé par Sainte Généviève en une grande basilique. Les notables mérovingiens y furent inhumé à partir du Vème siècle, au plus près des reliques du saint, dans des cercueils de pierre.
Dagobert Ier (mort en 639) et Clovis II (mort en 657) sont les seuls rois mérovingiens enterrés à Saint Denis. A partir du VIème siècle, les familles de l'entourage royal y sont inhumées aussi. Leurs sépultures furent le plus souvent violées et leurs parures ou les armes qui y étaient déposées, dérobées. Sauf celui de la reine Arnegonde (ou Arégonde), dont a on pu reconstituer l'habillement.
Grégoire de Tours nous conte son histoire. L'une des épouses du roi Clotaire Ier (511 - 561), la reine Ingonde, avait demandé à son mari de trouver pour sa soeur Arégonde un époux digne d'elle. Le roi la trouva à son goût et l'épousa aussitôt. De cette union naquit Chilpéric Ier en 534, qui plus tard épousa Frédégonde et fut assassiné en 584.
Arégonde était petite et gracile. Elle mesurait environ 1,55 m et décéda aux alentours de 61 ans (à 3 années en plus ou en moins près), donc vers 580. Enfant, elle avait souffert de polyomiélite, elle souffrait d'arthrose cervicale et lombaire et, vraisemblablement de diabète. Elle fut inhumée avec de riches vêtements d'apparat et les bijoux qu'elle affectionnait (qui étaient usés). Elle portait un long manteau de soie pourpre (teinture réservée aux personnes de rang royal), avec des bordures agrémentées de galons tissés de fils d'or, rapportés et fixés sur une doublure de soie violette. Elle portait également un long voile de soie à motifs de brocart jaune et rouge. Son manteau était maintenu par une ceinture à boucle travaillée d'or et d'argent, en peau de chèvre piquée de nervures et en partie dorée à la feuille.
Elle avait au doigt une chevalière gravée à son nom (c'est ce qui permit de l'identifier avec certitude) et arborait des boucles d'oreilles en or d'origine italobysantine, deux fibules en or cloisonné de grenats fermaient son manteau, le voile était fixé au manteau par de longues épingles en or. Ses bas étaient maintenus par des jarretières à lanières croisées passées dessus et dessous ses mules de fin chevreau et fermées par des boucles d'argent ou ferrets.
Une vieille dame à la sobre élégance, reposant dans son linceul depuis près de deux mille ans...
Et toutes ces merveilles sont à voir au Musée d'archéologie nationale de Saint Germain.