Qui lancera la première pierre?

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

J’ai toujours rêvé d’avoir un I-Phone (et je vais craquer… un jour)

Ne possédant pas de Smartphone, je me rends compte que je passe à côté de pratiques incroyables. L’excellent site ActuaLitté a levé, grâce à un article, un pan du voile de mon ignorance crasse en matière de services qu’offrent les I-Phones et autres androïdes.

J’y ai appris que je pouvais aller dans ma librairie, scanner le code-barres d’un livre afin d’en comparer le prix avec celui proposé par Amazon, et passer commande directement grâce à mon téléphone multitâches (que je ne possède pas encore) à Amazon, tout en étant… chez mon libraire. Mieux encore: on indique le prix proposé par le libraire afin qu’Amazon vérifie que ses prix sont plus compétitifs. Donc, on travaille (gratuitement) pour Amazon.

On parie combien que, prochainement, l’application affichera un petit message “Stop! si vous reposez cet article et que vous passez commande en un clic sur notre site, nous vous offrons 20% de remise supplémentaire!” (C’est d’ailleurs déjà presque le cas). Si j’étais au service Marketing d’Amazon, je peux vous dire que je plancherais sérieusement sur la question.

Amazon, le mal incarné?

Bref, Amazon ne m’ayant pas contactée pour rémunérer mes idées géniales, je les garde pour moi. Reconnaissons que le système est extraordinairement ingénieux. Evidemment, dès les premières lignes de l’article, je m’insurge! Mort des petits commerces (Amazon ne vend pas que des livres, rappelons-le), utilisation par Amazon de données envoyées gracieusement par ses clients (malin de ne pas avoir à rémunérer des personnes pour effectuer cette tâches), frustration et colère du commerçant (“je peux vous renseigner?” – “non merci, je vérifie si c’est moins cher sur Amazon!”)… Sans parler du fait qu’en tant que client, il faut tout de même oser sortir sans vergogne son téléphone et procéder à cette petite manœuvre au nez et à la barbe des commerçants, mais c’est un autre débat (quoique…).
Les motifs d’insurrection sont légion et je vous invite à ajouter les vôtres en commentaire.

Le système est ainsi fait…

Oui mais… car, soyons objectifs, il y a un mais. On peut décider d’appliquer ce raisonnement aux seuls libraires par amour du livre, néanmoins la problématique est universelle et s’applique à tous nos actes d’achat et de consommation. Par exemple:

  • Commander ses billets de train en ligne (pour rappel, on ne peut acheter les Prem’s que sur Internet) risque de supprimer les emplois de guichetiers.
  • Les conditions de travail des caissières dans les grandes surfaces ont été largement dénoncées ces derniers temps : faut-il boycotter les GSM, ou utiliser leurs nouvelles caisses automatiques? Mieux encore, on peut faire ses courses sur Internet!
  • De nombreux français pensent qu’il faut sortir du nucléaire : combien sont d’ores et déjà passés à Enercoop (30% plus cher qu’EDF mais le SEUL fournisseur d’énergie verte, quoi qu’en disent les autres)?
  • Les placements (sur livrets, assurance-vie…) sont utilisés par les banques pour les opérations dont on connaît actuellement les conséquences (placements à risque, actionnariat dans des entreprises qui licencient pour maximiser les profits etc.).

On pourrait allonger indéfiniment cette liste.

… qu’on l’alimente tous!

Ne serait-ce pas une question de cohérence globale. On peut dénoncer des abus mais reconnaissons qu’aucun d’entre nous n’est complètement en phase avec ses convictions, quelles qu’en soient les raisons (les plus fréquemment avancées étant d’ordre économique). Si si, je vous assure, cela fait des années que je lutte et je me prends encore tous les jours en flagrant délit d’entorse à mes convictions.

Les mouvements de soutien des libraires qui fleurissent montrent que les gens peuvent encore se mobiliser pour des causes qui leurs tiennent à cœur et c’est fantastique. J’apprécie tous les échanges qui ont lieu sur le net et dans la blogosphère (j’aime débattre!). Mais de grâce! ne fustigeons pas celles et ceux qui commandent sur Amazon tout en regrettant la disparition des librairies indépendantes: outre le fait qu’ils ont certainement leurs (bonnes) raisons, les actes d’achat et de consommation ne s’inscrivent-ils pas dans une démarche globale?

Et vous… qu’en pensez-vous?

A défaut d’avoir un Smartphone, je me suis créé un petit flashcode que j’ai mis dans cet article! Soyez chics, dites-moi s’il fonctionne!