M. m’a écrit l’autre jour et je n’ai pas tout de suite voulu comprendre ce que son mail me disait. Il parlait du départ de R. et j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Et puis évidemment qu’il s’agissait d’un départ à l’étranger. Pas d’un départ vers l’au-delà.
L’idée que R. ne soit pas de ce monde me bouleverse. Pas seulement parce qu’elle me renvoie à mes propres angoisses. Non, sa disparition m’a retournée parce que je relis encore ses mots espérer qu’il s’en sortira. Je réentends S. me dire qu’elle a pris un café avec lui et qu’il est reparti sur de nouvelles bases. La mort de R. me bouleverse parce qu’elle signifie une fois pour toutes qu’on ne peut rien faire contre la maladie et le destin. Ils ont voulu sa peau. Son amour de la vie, son enthousiasme, sa force de caractère n’y ont rien fait. Ils ont peut-être allongé sa vie de quelques mois. Mais au final, son nom est inscrit sur la tombe d’un cimetière parisien. Et ses proches le pleurent.
La pensée de sa copine seule, de ses parents le cherchant ou de ses amis le regrettant me donne la nausée. Pourquoi lui ? Pourquoi lui ? Pourquoi si tôt ? Pourquoi comme ça ?
R., ton départ nous bouleverse et j’ai passé des heures, hier, à chercher dans mes souvenirs et dans mes photos ton visage et tes mots. Peut-être pour oublier que tu n’es plus. Peut-être pour nier ton départ comme les réminiscences d’un cauchemar au réveil.
Et puis j’ai réalisé que tu étais sur cette photo que j’ai affichée il y a des années dans ma chambre d’enfance chez mes parents. Là, avec d’autres, au milieu des autres. Il y a quelques années, quand on était tous encore à égalité. Quand tu étais en bonne santé. Que les gens t’aimaient ou te détestaient. A l’époque où on avait tous la vie devant nous.
En tout cas, c’est promis, tu m’auras donné une bonne leçon. Dans la difficulté, je me souviendrai toujours de ta force de caractère. Et des très belles choses que l’on m’a dites de toi. M. t’aime beaucoup. Et M., tu sais, c’est un mec de confiance.