Dans le cadre d'un concours proposé sur le site de My Major Company books, j'ai entrepris de rédiger une lettre à Anna Gavalda.Je n'ai pas remporté la belle affaire mais peu importe..Pour lire la lettre de la gagnante - qui a écrit à Victor Hugo - voilà le lien.
Chère Anna,
Mon ex petit-ami m’avez mise au défi. Il était jeune, déjàcapricieux et pour son anniversaire, il voulait une lettre de vous. A l’époque,j’étais jeune aussi, timide et je n’ai évidemment pas osé vous écrire pour vousla demander. J’ai espéré qu’il se satisferait d’un coffret de films de WoodyAllen et en attendant, j’ai ouvert votre recueil de nouvelles, qu’il avaitacheté quelques semaines plus tôt mais qu’il n’arrivait pas à lâchercomplètement.Quand je me suis assise sur le parquet froid de son petitappartement, votre livre à la main, j’ai eu l’impression de toucher du doigt cequi m’enchantait déjà à l’époque : la délicatesse de vos tournures, lagrâce de vos personnages, le hasard qui, là où on ne l’attend pas, vous joue unjoli tour ou le malheur, qui, là où on le redoute, vous coince dans lelabyrinthe de la mélancolie. Entres vos pages, j’ai lu l’enchanté du quotidienet les nuances du sentiment, qu’il soit proche de l’amitié, de la contrariétéou du regret. Et puis, en refermant le petit livre, je me suis allongée sur lecanapé, récupéré dans une vieille brocante, et je me suis dit que moi aussi, unjour, j’écrirais de belles choses.
Les années ont passé. Je me suis séparée de monpetit-ami, j’ai voyagé, et au milieu du vacarme new-yorkais, je me souvienstrès bien, ma cousine m’a tendu votre roman « Je l’aimais ». Elle m’adit que c’était une jolie histoire. Elle était sûre que je l’adorerais. J’aireconnu votre nom sur la couverture et je l’ai remerciée. J’étais un peu exiléelà-bas et j’étais heureuse de vous retrouver. Dans la petite chambre du grandappartement dans lequel j’habitais – avec de nombreuses autres personnes – j’ai redécouvert la poésie de vos mots etj’ai été bouleversée. J’ai adoré l’idée que Chloé écoute l’histoire de Pierre,son beau-père, alors qu’elle n’aurait accepté de l’entendre de personned’autre. J’ai adoré l’idée que cette histoire, pourtant si douloureuse, l’ait aidéeà accepter le départ de son mari. J’ai adoré la vie normale, en reflet derrièrecette douleur d’abandon, rappelée par touches au cours du roman, par laprésence des deux jolies petites filles de Chloé.
Le temps est encore passé, je suis rentrée à Paris, etcomme tout le monde au printemps 2004, j’ai dévoré « Ensemble, c’esttout. ». La couverture colorée se baladait de mains en mains. J’avaisgrandi. Je m’étais mise à écrire moi aussi. J’étais heureuse.
Après, l’année où j’étais en stage sur une station deradio sportive, vous avez publié « La consolante », que j’ai achetéau Salon du Livre alors que les queues pour se faire dédicacer votre romanétaient infinies. Vos mots avaient touché la France. On faisait de vos livresdes films. Plus ou moins réussis. Je vous laisse deviner vers lequel va mapréférence.
Ensuite, vous avez republié « L’échappéebelle. ». On s’est mal coordonné dans la famille et on en a achetéplusieurs exemplaires. Je terminais mon premier roman. Et souvent, je rouvraisles vôtres pour relire les passages qui avaient marqué mes pensées, lespassages où en lisant je m’étais dit: voilà pourquoi j’écris. J’écrisparce que je veux moi aussi raconter le monde qui m’entoure dans le détail deses hasards, je veux dire les histoires des personnages qui viennent me rendrevisite quand je rêvasse dans le métro aérien, je veux dire leurs peines, leursjoies, leurs coups durs et leur volonté, malgré tout, d’être heureux. Je veuxdonner vie avec mes mots, je veux faire scintiller les yeux des gens qui meliront, je veux qu’un jour, quelqu’un s’approche de moi et me dise « vousm’avez touchée. ». Rien qu’une fois.
J’étais installée dans un studio d’Issy-les-Moulineauxavec l’homme qui deviendrait, quelques années plus tard, mon mari. J’étaisadulte et vous m’aviez certainement aidée à grandir.
Merci Anna.