Suite à
quelques réactions à propos de mon article sur le Kosovo (voir ici), je me devais d'aller plus loin dans la réflexion
sur le concept d'Etat-Nation. En réalité, c'est plus les réactions de la communauté internationale que j'aimerai étudier ici.
Les faits: après le Monténégro en 2006 (désolé pour la carte périmé), le Kosovo vient de proclamer son indépendance dimanche dernier. Très rapidement, les Etats-Unis, ainsi que nombre
d'Etats européens ont reconnu son existence.
Malgré cela, la contestation reste forte. Les serbes dénoncent cet acte jugé illégal ou en tout cas non-conforme au droit international qui avait statué sur le Kosovo.
D'autres Etats refusent de reconnaître ce nouvel Etat. Paradoxalement, ces Etats sont eux-mêmes confrontés à des tensions nationalistes ou à des mouvements indépendantistes: Russie (tchétchènes,
peuples turkmènes...), Espagne (catalans et basques en particulier), Grèce (communauté macédonienne), Bulgarie (communauté macédonienne), Roumanie (roms)...
Personnellement, si je ne m'étonne pas vraiment du fait que le Royaume-Uni reconnaisse cette indépendance (après tout, les peuples du royaume ont toujours été reconnus), je me pose des
questions quand à la schizophrénie française! En fait non! Je me dis simplement que la France, fidèle à ses principes, estime qu'elle n'est pas concernée par la reconnaissance des
peuples. La reconnaissance officielle des communautés bretonne, corse, occitane, catalane, basque est inconcevable pour un Etat qui a bâti son Histoire sur l'illusion d'une unité uniforme
(inverse de la devise européenne).
Je ne peux que vous inciter à lire le communiqué que Christian Guyonvarc'h, élu UDB au Conseil Régional de Bretagne, a écrit à ce sujet (voir ici). Pour ma part, je reste sur ces principes simples: dès lors que le Parlement ou le référendum se prononce
pour l'accession à l'indépendance, alors le peuple qui s'est exprimé est dans son droit.
Je ne suis pas indépendantiste et certains commentaires m'on reproché de parler de ce que je ne connaissait pas à ce sujet. Concernant la Bretagne et l'idée qu'elle puisse être un jour
indépendante, je paraphraserai Voltaire: "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire".
On me rétorque que "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" ne serait valable que pour les territoires colonisés. Que nenni! Il existe des peuples sans Etat et cela me convient très bien dès
lors qu'ils s'en contentent. Néanmoins, le monde actuel fait la part trop belle aux Etats-Nations et on ne peut reprocher à certains peuples de vouloir le leur: c'est légitime!
Le droit à l'autodétermination est légitime. Les basques, les catalans et les écossais désirent un référendum: celui-ci n'est pas illégal. Toute l'hypocrisie repose sur le fait que, dans
le droit international, c'est l'Etat qui est légitime pour décider... Les peuples désirant un Etat devraient donc demander à ceux qui ne leur reconnaissent aucune existence le droit d'exister? En
Espagne, on reconnaît des droits aux cultures "minoritaires", mais on ne leur reconnaît pas le doit d'être un peuple. En France, nous n'en sommes pas encore au premier point.
On me rétorque qu'à ce rythme, il y aurait des milliers d'Etats. Et alors? N'est-ce pas le concept d'Etat qu'il faut revoir? Ne peut-on imaginer un monde post-Etatique? L'Etat
n'est au final qu'un mode d'organisation du pouvoir.
Bref, cette indépendance du Kosovo est assez révélatrice de la crise de l'Etat-Nation. Sans doute est-ce la raison pour laquelle des partis comme l'Alliance Libre
Européenne prônent une Europe des peuples et non une Europe des Etats...
Pour finir, je comptais réparer mon erreur en présentant le véritable drapeau kosovar. Plus d'étoiles, plus de diversité? Affaire à suivre...