Lors de notre arrivée en Mongolie, Suvdaa nous avait exposé les détails de notre circuit. Le programme était assez conforme à ce qu’on avait prévus à un détail près…
- Au fait je vous ai ajouté une balade à cheval, ça vous va ?- Euh… oui pourquoi pas, mais nous n’en avons jamais fait. Enfin si du poney, mais ça date…- Ah mais ce n’est pas grave. Les chevaux mongols sont très doux et dociles, ne vous inquiétez pas.
Sur ces bonnes paroles, je tentais de me rassurer. I.D. n’avait lui, pas l’air très confiant.
Après cette première nuit sous yourte, nous nous réveillons tranquillement. La nuit fut bonne me concernant, moins pour I.D. La toilette matinale sous tente, c’était déjà pas pratique, alors sous yourte avec les allées et venues et la présence de Chimgee, l’intimité était au niveau zéro. La contorsion c’est pas mon truc, mais il n’y avait pas d’autres solutions. Tel un ver à l’intérieur de mon duvet, je tenta du mieux possible de me rafraîchir et me changer. I.D. adopta pour la solution « Je me cache derrière le fut de lait fermenté ». Après cette gymnastique, nous prenons le petit déj, I.D. s’offre une pause avec Roté, avant d’affronter notre baptême équestre.
Au programme, un entrainement. L’objectif, tester notre affinité avec « nos » chevaux sur une dizaine de kilomètres. L’homme fort des lieux (le mari de notre chère hôte) en compagnie de Jack scellent les chevaux. Après quelques ajustements et conseils, nous montons. Nous entendons des « Tchou ! Tchou ! » et apprenons qu’il s’agit de l’onomatopée servant à faire avancer les chevaux. Pas équipés (ni bottes, ni chaps, ni casques), nous entamons donc notre initiation. Etonnamment, je suis plutôt à l’aise. Les chevaux mongols ne sont pas très hauts et calmes. Le mien était d’ailleurs très calme, voir carrément lent (toujours le dernier de la file), et n’arrêtait pas de ralentir pour se goinfrer. Au moins avec lui, pas d’inquiétude d’éventuelle chutes… Nous profitons des paysages, du soleil et croisons un jeune éleveur en train de diriger son troupeau de yacks. D’ailleurs à ce moment là, I.D. et moi-même avons été – comme il se doit - « matés » par ces grosses bestioles. « Ne les regarde pas, ne les regarde pas » me dis-je. On a eu chauds ! Après deux heures de promenade, nous rentrons au bercail. Plutôt contents de cet mise en bouche, nous descendons de nos chevaux, et accusons les premiers effets : des jambes complètement ankylosés.Nous entrons dans la yourte pour déjeuner. A l’extérieur, Jack tente de réparer la tronçonneuse quasi neuve que vient d’acquérir le couple. Il bricole, vise, dévisse, la redémarre à mainte reprise sans trouver tout de suite la solution. I.D. est mis à contribution pour couper le bois qui servira à nous réchauffer. Quelle virilité ! J’apprécie le spectacle… jusqu’au moment où Jack m’interpelle par de grands gestes, signifiant « Allez, bouge toi, viens maintenir le bois pour faciliter la coupe ! ». Je m’exécute.
La découpe faite, nous partons, cette fois-ci, pour la grande excursion en direction du lac Terhiin Cagaan Nuur, situé à 25 kilomètres de notre camp. Pour la petite histoire, les torrents de lave provenant du volcan Khorgo ont bouché la rivière Terh et formé ce lac. Au niveau de ses plus hautes eaux, il peut s’étendre jusqu’à 61 km². Il est impossible d’y accéder en voiture, le sol étant impraticable - essentiellement composé de roches volcaniques. Nous partons alors prêts à encaisser ces kilomètres. En plus de Chimgee et du chef de famille, nous suit Roté, le chien, totalement obnubilé par une chienne déjà approchée par deux autres de ces comparses. Les grognements nous accompagnent un long moment.
Nous nous arrêtons pour visiter des cavités qui servaient aux moines à se cacher durant les purges sous le régime communiste. Nous poursuivons sous un grand soleil, tentons le trot, parfois, et arrivons jusqu’au lieu tant attendu. Nous voici devant ce magnifique paysage : un lac aux milieux de ces terres volcaniques. Le voyage valait le détour. Nous profitons pour nous dégourdir les jambes, mais ne tardons pas de trop car la nuit risque de vite tomber. Nous remontons. Le chemin du retour semble plus long, la fatigue, les courbatures et douleurs se font sentir. Enfin nous entrapercevons notre yourte, quelle joie ! En descendant, des fourmillements et la sensation de marcher comme un cowboy… Pour une première ce fut sport. Nous dînons. Pour notre dernière soirée dans cette yourte, nous souhaitions profiter du grand air et des yacks. Une nouvelle fois, nous suivons la traite quotidienne. Notre hôte sent notre enthousiasme et nous propose spontanément d’entrer dans l’enclos des bébés yacks. Je fais ma froussarde. I.D., lui, était ravi de pouvoir les approcher de près et de les « câliner ». Le voici au milieu du bétail, curieux de sa présence. Je vous rassure, je l’ai récupéré en un morceau. Je ris avec la dame de la situation. Un agréable moment. Chimgee nous rejoint près de l’enclos. Nous restons à discuter dans la pénombre. J’apprends que le couple à deux enfants qui étudient à Oulan Bator. La dame nomade a elle-même vécu dix ans dans la capitale, sans regretter le choix de son mode de vie actuelle, plus sain à ses yeux. Une décision prise lorsqu’elle hérita du bétail de ses parents.
Nous nous dirigeons vers l’intérieur de la yourte. Une nouvelle journée s’achève, marquant la fin de notre séjour chez cette famille nomade.
Diana