Un avion de chasse, est-ce que ça sert encore ?

Publié le 12 décembre 2011 par Egea

Titre provocateur ? Oui, bien sûr. Mais j'aime poser des questions qui dérangent. Et sortir de l'imagerie des Chevaliers du ciel (je parle des vrais, pas de la sauce publicitaire et pas drôle qu'on a ressorti il y a quelques années). Mon côté Candide : ça a du charme...

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1/ Pourtant, ce sont de très belles machines, et je garde encore en mémoire cette visite au salon du Bourget, au printemps dernier. Je comprends donc la fascination du public, et l'enthousiasme des dompteurs de montures. Surtout que j'eus la chance, il y a trois fois trente-trois ans, de monter par deux fois dans un avion d'arme : émotions garanties, et d'abord physiques. Bref, c'est un truc de mec (pardon, mesdames, pour ce machisme insupportable mais c'est quand même ce qui vient à l'esprit quand on redescend, chamboulé, du truc qui vous a envoyé en l'air).

2/ Donc, une fois mise au point l'absence d'hostilité de ma part, un peu d'explications sur la provoc, même si vous commencez à me connaître et à savoir que ce n'est jamais méchant.

3/ L'idée, c'est de constater que l'avion de chasse, cette artillerie aérienne, ne combat plus désormais qu'à distance. La sophistication des armements embarqués fait que les performances pures de l'avion sont moins importantes. Autrement dit, si j'ai bien compris, il n'y aura plus de duels aériens. Je relisais l'autre jour les premiers volumes de Buck Danny avec les combats tournoyants, les accélérations et freinages, les virages courts et amorces de vrilles, bref, toute cette voltige aérienne qui reproduisait là-haut une sorte d'escrime à trois dimensions.... Dans notre esprit, la chasse c'est Guynemer, c'est d'Artagnan qui a un Sabre au lieu d'une épée et qui feinte et esquive en 3D....

4/ Oui mais : est-ce réaliste ? Est-ce probable ? Non, radars et missiles de longue portée semblent avoir condamnés ce type de combat. Comme si la chasse avait laissé la place au bombardement. Les avions ne s'approchent plus les uns les autres, ils ne se voient plus "à vue d’œil" même s'il s'observent grâce aux multiples senseurs qu'ils emportent.

5/ Car désormais, les missiles portent à plusieurs dizaines de kilomètres. Et surtout, l'avion est concurrencé par d'autres vecteurs, avec toujours plus d'automatisme : missiles de croisière et drones armés, pour ne parler que de ceux qui sont aujourd'hui présents sur étagère. C’est-à-dire que l'homme a de moins en moins besoin d'être embarqué.

6/ Même la fonction d'observation n'a plus besoin, aujourd'hui, d'être pilotée. Au fond, la dernière fonction où l'homme est indispensable, c'est le bombardement nucléaire. Car il faut garantir que jusqu'au bout, un homme sera le dernier relais de la volonté présidentielle lors du déclenchement du feu. Est-ce la seule justification résiduelle de l'avion ?

Que répondrez-vous à Candide ?

O. Kempf