Des chercheurs Français de l'Inra font un intéressant recadrage. Pour eux, manger beaucoup de fruits et légumes en limitant sa consommation de viande rouge est bon pour la santé mais pas forcément pour l'environnement. Ils affirment ainsi que ce n'est pas la qualité mais la quantité qui fait la différence...
Nicole Darmon et Louis-Georges Soler, chercheurs à l'Inra, ont tout particulièrement orienté leurs travaux vers l'impact carbone de l'alimentation, en étudiant celle-ci de la sortie du champ à l'assiette du consommateur.
Bon pour la santé et/ou l'environnement ?
On connaissait déjà les recommandations sur la nécessité de limiter sa consommation de viande rouge bovine, puisque, rappellent les chercheurs, "ce sont les aliments dont la production entraîne le plus d'émissions de gaz à effet de serre par calorie". En effet, l'élevage compte pour 80% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. On pensait alors que remplacer une alimentation comportant des produits animaux par une alimentation riche en fruits et légumes était synonyme de bénéfice pour la santé et pour l'environnement. Or, cette nouvelle étude qui s'est basée sur la consommation alimentaire des Français entre 2005 et 200, montre que ce postulat n'est pas toujours vérifié.
En comparant l'impact de l'alimentation dite nutritionnellement adéquate (riche en certains nutriments et à faible densité énergétique) et celui d'une alimentation à base de viande et autres charcuteries, les chercheurs ont constaté que la première n'était pas forcément meilleure en termes d'émissions de CO2 que la deuxième. Ainsi, comme l'explique Nicole Darmon de l'Inra : "Manger bien, c'est manger beaucoup d'aliments avec peu de densité énergétique." Pour compenser les apports en protéines de la viande, on mange des aliments ayant un faible impact environnemental, comme les yaourts, les fruits et légumes et les féculents, mais en de plus grandes quantités.
Les hommes polluent plus car ils mangent plus
Autre constat ayant trait aux quantités consommées : les hommes ont un impact carbone supérieur à celui des femmes (4,7 kilogrammes équivalent CO2 par jour pour les hommes contre 3,7 pour les femmes) ; tout simplement parce qu'ils mangent plus que le sexe opposé, et sont particulièrement friands de viandes rouges ou autres charcuteries.
Chez les hommes, l'impact carbone est le même quelle que soit la qualité de la nourriture. Chez les femmes en revanche, "celles qui mangent le mieux ont l'alimentation qui entraîne le plus d'impact carbone."
Conclusion des chercheurs de l'Inra : "La vision selon laquelle les produits végétaux sont bons pour la santé et l'environnement alors que les produits animaux seraient à la fois mauvais pour l'environnement et la santé apparaît simpliste et nécessite d'être reconsidérée".
Lutter contre le gaspillage : la vraie solution !
Cela veut-il dire pour autant qu'il faut retrouver ses anciennes habitudes en consommant des produits riches en graisses animales ? Ce n'est évidemment pas ce que prônent ces scientifiques qui ont conscience que l'élevage intensif a des conséquences désastreuses sur les sols et le climat. De plus, rien n'est dit sur les cultures bio. L'agriculture bio ne recourant pas aux pesticides celle-ci a un impact moindre sur l'environnement. Mais consommer des produits bio importés de pays lointains limite évidemment ce bénéfice !
La meilleure des solutions réside donc principalement dans la consommation de produits locaux et dans la limitation du gaspillage alimentaire. Ainsi "20% des aliments achetés sont jetés à domicile, 12% étant comestibles", a rappelé Catherine Esnouf, scientifique de l'Inra. Le consommateur ne doit pas se priver, mais consommer intelligemment en s'informant davantage sur les dates de péremption et les risques ou non risques que présentent le dépassement de ces dernières, pour un type d'aliment donné.
Célia Garcin