Comme disait Enrico Macias, les gens du Nord ont dans le coeur le soleil qu'ils n'ont pas dehors. Attirant en masse les français de tous horizons, Bienvenue chez les ch'tis vient confirmer le ver devenu adage en rendant hommage aux habitants d'une région bien moins froide que ce que dit la légende. Que ceux qui n'ont pas encore vu le film, harassés par la marée chtimi qui s'empare du pays, ne prennent pas peur et aillent voir cette comédie très populaire et assez drôle, qui rehausse sacrément le niveau d'un genre qui fait des euros mais pas d'étincelles, d'Astérix à Disco. Dany Boon connaît évidemment son sujet sur le bout des doigts, et livre une déclaration enflammée à sa terre natale. Et ça marche.
Bienvenue chez les ch'tis est à l'image du peuple qu'il salue : simple, sincère, et drôle à défaut d'être toujours hilarant. Après une première vingtaine de minutes recensant de façon un peu systématique tous les clichés déversés par les sudistes (c'est-à-dire ceux qui habitent en dessous d'Amiens), le film trouve sa pleine énergie lorsque le héros (Kad, à l'aise) débarque dans ch'Nord pour ce qu'il pense être un chemin de croix de deux ans, lui qui va si rapidement s'attacher et manger de la carbonade, boire plein de bière et appeler tout le monde biloute. Pas ou peu d'intrigue ? Pas grave : le scénario empile plutôt adroitement les situations de façon à ce que Bienvenue chez les ch'tis ne ressemble jamais à un simple enchaînement de sketches. Le film a même tendance à se bonifier bobine après bobine, notamment à l'occasion de deux séquences en passe de devenir cultes : une tournée à vélo pour distribuer le courrier, et une mise en oeuvre de tous les stéréotypes sur le Nord-Pas-de-Calais, où les autochtones s'amusent à jouer avec leur propre image.
Et tant pis si le rythme n'est pas toujours parfait ou si quelques acteurs peinent à se faire passer pour des chtis : Bienvenue chez les ch'tis remplit bien son rôle de comédie familiale, méritant amplement l'immense vague d'adhésion et de sympathie qui s'est créée en une dizaine de jours. Dany Boon est désormais attendu de pied ferme partout en France, mais son troisième film pourra-t-il être aussi fédérateur que celui-ci ? Pas sûr. Pourtant, s'il parveitn à trouver des sujets accrocheurs et à poursuivre avec la même envie et la même sincérité, il pourrait bien finir sur les traces d'auteurs populaires comme Gérard Oury. À suivre...
7/10