J’adore ma mère. Elle a quelque chose qui ne s’invente pas. Elle ressemble à un personnage de roman, entière, tirée par les cheveux, imprévisible. Quand elle fait une bourde, c’est difficile de lui en vouloir, ça va souvent au-delà du réel.
Pour affronter ce Godzilla de maladresse, il faut se mettre dans la posture d’un gardien de but qui encaisse avec le sourire. On se sent mieux après, comme si on avait été buddha, le temps d’une vanne.
On aurait pu être les protagonistes d’un film : Ma belle-mère et nous. L’homme de ma vie dans le rôle de Ben Stiller et ma mère, sorte de Robert de Niro au féminin. Tout en finesse.
Ma mère est une femme d’exception, elle ne fait jamais rien à moitié. C’est ce qui donne du cachet à nos repas de famille.
- Gnagnagnagnagna, Nicolas ?
Avec ma soeur, nous la reprenons, non sans agacement. Seul l’intéressé ne sourcille pas.
Elle comprend tout de suite. Ce n’est pas la première fois. Qu’est ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là ?
1) je l’aimais bien ce Nicolas
2) zut il ne s’appelle pas Nicolas
3) je l’ai encore appelé Nicolas…
Depuis trois ans et demi, j’essaie de trouver une explication rationnelle à cet acte manqué récurrent
1) elle aimait bien ce Nicolas
2) il a une tête à s’appeler Nicolas
2) Nicolas est le premier garçon que je lui ai présenté
Cela aurait été bien moins embarrassant si j’étais en couple avec un grec (Nikos) ou un américain (Nick). Or, je suis pacsée à un ardéchois. Et il s’appelle Laurent. L’homonymie parait peu probable.
Ce ne serait pas drôle si c’en était resté là. C’était l’heure du dessert, il manquait encore la cerise sur le gâteau.
- J’ai pensé à vous récemment. J’ai failli vous appeler la semaine dernière pour vous souhaiter votre fête.
J’ai aimé la façon dont il a calmement fait remarquer que la Saint Laurent était en août (le 10, plus précisément)
En tout état de choses, la semaine dernière, c’était la Saint Nicolas…
- Heureusement que je ne vous ai pas appelé !
Applaudissements.